Bruxelles surprise
Par Kamel Moulfi – Les commentaires de certains médias occidentaux sur les attentats commis mardi à Bruxelles, contre l’aéroport et une station de métro, donnent l’impression qu’ils découvrent subitement la nature du terrorisme qui s’en prend indifféremment aux civils, comme s’il était censé avoir un autre but. Il faut donc que les terroristes frappent une capitale européenne pour que ces médias les qualifient de criminels et non pas de «résistants», comme ce fut le cas chez nous dans les années 1990, ou d’«opposition armée» en Syrie, actuellement. Ce progrès dans la perception du terrorisme devrait avoir son prolongement dans la conduite de la lutte contre un fléau qui n’épargne personne ni aucun lieu. Le terrorisme vient de démontrer encore une fois qu’il peut frapper partout, y compris dans une ville, Bruxelles, qui abrite le siège de l’Union européenne (à quelques centaines de mètres, même) et celui de l’Otan aussi. Comme si la sécurité européenne n’existait pas. Il ne sert à rien de flatter les «bons» terroristes et encore moins de tenter de les manipuler de façon irresponsable pour les faire agir contre d’autres pays, dans le but de renverser des «régimes» sous le prétexte fallacieux du soutien à la lutte pour la démocratie, mais en réalité pour des enjeux géopolitiques ou des intérêts économiques. Les terroristes finissent toujours par se retourner contre leurs manipulateurs. C’est la leçon que doivent tirer les dirigeants des pays occidentaux qui sont visés et contre lesquels, en revendiquant les attentats de Bruxelles, Daech a renouvelé ses menaces. Les mesures techniques avec le renforcement des contrôles et les gestes symboliques pour marquer le soutien à Bruxelles, c’est bien, mais resteront inutiles si les vraies leçons des attentats qui ont endeuillé Paris puis la capitale belge ne sont pas tirées. Enfin, cela est sans doute agaçant pour certains de constater qu’on leur rappelle systématiquement à chaque attaque terroriste contre une ville européenne, l’expérience douloureuse vécue par l’Algérie durant la décennie noire, c’est également vrai pour l’attaque contre un aéroport, c’était le 26 août 1992, à Alger.
K. M.
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