RCD : «Le pouvoir marchande avec la souveraineté nationale»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) brosse un tableau noir de la situation de crise politico-économique et son impact sur le vécu des Algériens. A l’issue d’une réunion mensuelle du secrétariat national, le RCD estime que les menaces qui pèsent sur la sécurité et l’intégrité du pays sont réelles. «Elles sont pour une part aggravées par un pouvoir qui a fait de la souveraineté de l’Algérie un sujet de marchandage dans le sillage du viol de la souveraineté populaire», souligne-t-on au niveau du parti dans un communiqué rendu public aujourd’hui. Pour ce parti de l’opposition démocratique, les discours de circonstance n’ont aucun crédit, car ils sont plus enclins à stériliser la vie politique. «La défense de la nation ne peut se confondre avec les urgences du système ; elle commence par un processus qui rend au peuple algérien sa souveraineté. Tout le contraire de l’exécution d’un agenda de règlements de comptes entre factions qui ont ruiné les aspirations des libérateurs du pays et les espoirs de générations entières de la jeunesse», est-il encore écrit. Le secrétariat national du RCD relève dans ce sillage «la crise financière qui s’installe durablement en raison de la baisse tendancielle de la production d’hydrocarbures, d’une demande interne qui explose, de la chute des prix du baril, mais aussi du retard énorme dans le développement des énergies renouvelables». Le parti de Mohcen Belabbès considère que cette crise financière «ne peut être dépassée par des annonces et une compilation de mesures dictées par la fluctuation des rapports de forces au sommet de l’Etat». Autrement dit, rien ne pourrait être réglé «sans une stratégie déclinée et acceptée par les acteurs économiques et sociaux». Le RCD souligne que la crise touche de plein fouet les foyers algériens. «L’inflation galopante couplée à une dévaluation rampante touche déjà les couches moyennes. Plus que cela, les licenciements dans le secteur économique et les plans de restructuration remis à l’ordre du jour dans un contexte d’absence de cap dans la politique gouvernementale plongent de larges couches de la population dans le désarroi et l’incertitude», a dénoncé cette formation politique qui appelle à un changement de système politique. Le RCD a également fait état de l’absence flagrante d’une représentation forte du monde du travail à cause de la domestication de l’appareil de l’UGTA et la répression opposée aux revendications des syndicats autonomes. Cette répression est, pour cette formation politique, «une autre source d’inquiétude». «La chasse organisée contre les animateurs du mouvement des chômeurs principalement actifs dans le sud du pays signe la faillite d’un système politique qui rameute ses relais pour crier à l’ingérence étrangère et aux menaces à nos frontières et mobilise ses forces de répression pour dénier aux habitants de ces régions leurs droits de citoyens.» Le RCD considère que la déliquescence avancée de l’institution judiciaire ouvre la voie à l’effritement et à l’aventure.
Sonia Baker