Selon The Observer : un navire de guerre britannique se dirige vers les côtes libyennes
Selon l’hebdomadaire dominical britannique The Observer, un bâtiment de guerre de la Royal Navy a pris le large à destination des côtes libyennes, dans le cadre d’une mission de la dernière chance, pour mettre un terme aux actions des réseaux mafieux des passeurs dont les activités ont atteint un pique ce mois-ci, en parvenant à faire traverser la Méditerranée dans des conditions apocalyptiques à des milliers de migrants, pour les faire s’échouer en Italie. Une situation «inédite», explique The Observer qui parle d’un déferlement d’une marée humaine en Méditerranée ou encore d’un flux migratoire ininterrompu entretenu par des réseaux mafieux, qu’il devient de plus en plus difficile à endiguer sans le recours aux forces armées.
Cette intervention, qualifiée par l’ensemble des observateurs militaires en Grande-Bretagne d’«extrêmement risquée», intervient dans une conjoncture dominée par une intensification des efforts des Etats de l’Union européenne pour faire face à une crise qui ne cesse de s’amplifier à travers, notamment, le choix d’un pays en proie au désordre et à la désolation, en l’occurrence la Libye, comme principal itinéraire pour les candidats à l’émigration clandestine vers l’Europe. Le choix de la Libye intervient suite à la fermeture des frontières de la Grèce au printemps dernier. Selon l’hebdomadaire britannique, pour la seule semaine qui vient de s’écouler, les passeurs ont réussi à faire embarquer par voie maritime un nombre record de migrants.
Plus de 13 000 personnes ont été interceptées par les garde-côtes italiens. Au moins 100 000 hommes, femmes et enfants ont tenté la traversée de la Méditerranée en direction de l’Italie à partir des côtes libyennes, depuis le début de l’année. Plus de 3 100 décès par noyade ont été enregistrés, alors que la traque des trafiquants n’a pas été aussi efficace. Moins d’une centaine d’arrestations ont pu être effectuées dans les eaux internationales durant cette même période. Un nombre insignifiant par rapport à l’ampleur du drame.
Le navire de guerre britannique HMS Diamond se joindra, donc, dans les jours qui viennent à une flottille de l’UE en Libye, dans le cadre de l’opération «Sophia», chargée d’intercepter les passeurs en haute mer. Le feu vert de la mission a été donné par Bruxelles en juin. La semaine dernière, la mission a été élargie pour inclure la traque des trafiquants d’armes et l’entraînement des garde-côtes libyens. Le déploiement du destroyer de la marine britannique a fait l’objet d’une attaque virulente du président de la puissante commission des affaires étrangères du Parlement britannique, Crispin Blunt, qui devrait formuler cette semaine son analyse critique sur la politique du gouvernement de son pays en Libye. Blunt a clairement souligné, dans une déclaration à l’Observer, que «sans un règlement politique en Libye, qui permettrait l’émergence d’une direction politique représentative de toutes les franges de la société libyenne et capable de superviser la présence des forces étrangères dans ses eaux territoriales, je ne vois pas comment cela peut être efficace et légitime.»
Plusieurs bâtiments de guerre des forces étrangères opèrent depuis plusieurs mois dans les eaux libyennes, notamment le porte-avions américain USS Wasp, qui mène régulièrement des frappes aériennes en guise de soutien aux forces libyennes dans leurs opérations contre les groupes terroristes, à partir de sa principale base dans la ville côtière de Syrte. Mais le commandement de la marine libyenne se méfie des opérations occidentales en Méditerranée d’autant que cette présence militaire étrangère dans la région ne sécurise pas la zone alors que la situation se dégrade chaque jour un peu plus.
De Londres, Boudjemaa Selimia
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