Entre les mains d’apprentis-sorciers !
Par Kamel Moulfi – Le pouvoir, insoupçonné par le lectorat, que les infographistes ont dans la confection des journaux, a-t-il été étendu à la fabrication du livre scolaire destiné à des élèves qui ne sauront pas «corriger d’eux-mêmes» les bourdes commises par ces professionnels de la presse, laissés à leur libre arbitre ? C’est visiblement ce que le gouvernement veut nous faire croire en évoquant la «défaillance technique» à propos de l’erreur sur la carte de la Palestine, qui a sidéré l’opinion publique et dont les parents d’élèves ne finissent pas de parler.
Dans les médias, «spécialistes» et fonctionnaires, certainement dûment «habilités», tentent d’expliquer que, d’une façon générale, les très graves fautes constatées dans des livres scolaires sont des erreurs d’inadvertance commises par des infographistes et que, dans ce cas précis, la carte incriminée a été copiée d’internet. Mais ils ne répondent pas aux vraies questions : les livres scolaires sont-ils confectionnés par des académiciens ou des techniciens de PAO ? Y aura-t-il des sanctions contre les responsables des institutions qui sont derrière ce grave manquement ?
L’hypothèse de l’erreur technique n’est pas du tout convaincante. Si tel est vraiment le cas, cela veut dire que le sort de nos enfants est entre les mains d’apprentis-sorciers ! Et ces derniers ont la tâche d’autant plus facile que la confection du manuel scolaire relèverait donc non pas du professionnalisme le plus accompli, comme il sied à une mission de cette importance stratégique, mais tout simplement du petit bricolage, pour reprendre l’expression des artisans quand ils ont à réaliser un travail dérisoire, «bricola», comme ils disent pour justifier le manque de sérieux dans leur travail.
Et, bien sûr, dans cet esprit, l’illustration dans un livre scolaire n’a aucune autre fonction que de remplir, au sens strict du mot, un espace dans une page, au mieux agrémenter l’écrit d’une image en couleurs pour le rendre plus agréable. Pourtant, en cours de géographie, on apprend aux élèves à quoi sert une illustration collée à un texte. On leur inculque même la nécessité de toujours accompagner la photo d’une légende et d’une signature. En fait, les superviseurs des projets du livre scolaire n’ont pas droit à l’erreur, sous peine de lui faire perdre définitivement son statut quasi-sacré.
K. M.
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