L’abdication calculée du dey ou comment les Turcs ont vendu l’Algérie à la France
Le mauvais traitement subi par nos concitoyens à l’aéroport d’Istanbul, en Turquie, doit interpeller tous les Algériens sur la traitrise des Turcs qui ne date pas d’aujourd’hui. Parce que musulman, l’empire ottoman a toujours été présenté comme une «régence», euphémisme qui cache une occupation indue du sol algérien qui ne diffère en rien du colonialisme français. D’ailleurs, ce sont ces mêmes Turcs qui ont «vendu» l’Algérie à la France un certain 5 juillet 1830, alors que le général de Bourmont, conduisant son impressionnante flotte, peinait à vaincre les vaillants Algériens qui affrontaient l’armée française courageusement depuis le 14 juin, jusqu’à ce que la trahison du dey Hussein mette fin à cette résistance en signant un pacte honteux avec la France, en vertu duquel les Turcs cédaient leur «régence» au nouvel occupant, moyennant maintien de ses privilèges bassement matériels.
Dans la convention signée par le général en chef de l’armée française et le représentant de la Sublime Porte à Alger – qualifié d’«altesse» par les Français et dont une rue porte pourtant son nom à ce jour au cœur de la capitale –, il est stipulé que «le fort de la Casbah et tous les autres forts qui dépendent d’Alger, seront remis aux troupes françaises ce matin, à dix heures (heure française)» (matin du 5 juillet, ndlr). En contrepartie de cette lâcheté, la France s’engage, lit-on dans le document historique, envers le dey d’Alger, «à lui laisser sa liberté et la possession de toutes ses richesses personnelles». En outre, le dey «sera libre de se retirer avec sa famille et ses richesses particulières dans le lieu qu’il fixera. Et tant qu’il restera à Alger, il y sera, lui et sa famille, sous la protection du général en chef de l’armée française». De Bourmont fit assurer la sécurité de l’abdiquant dey et celle de sa famille par une garde spéciale.
Quant au reste du peuple, la France conquérante et arrogante, s’engagea, selon les clauses de cette même convention, à respecter l’exercice de sa religion (l’islam) et à ne pas porter atteinte aux biens et commerces des habitants. «Le général en chef en prend l’engagement sur l’honneur», est-il écrit dans la convention à l’issue de laquelle les troupes françaises entraient «dans la Casbah et successivement dans tous les forts de la ville et de la marine».
Le dey turc venait d’offrir l’Algérie à la France contre sa propre sécurité et la sauvegarde de sa fortune. La suite, tout le monde la connaît…
Karim B.
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