Défis de l’Algérie 2017-2025 : réformes et démocratie
Par Abderrahmane Mebtoul – Il ne faut pas avoir une vision de sinistrose, que je ne partage pas, car étant confiant en l’avenir de mon pays. Beaucoup de réalisations, mais des insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger. Face aux tensions budgétaires et aux bouleversements géostratégiques qui s’annoncent au niveau de la région, à la fois militaire, politique et économique, je suis convaincu que l’Algérie a toutes les potentialités pour remporter la bataille de la relance économique et consolider sa place dans la compétition mondiale grâce à la bonne gouvernance et sa capacité à innover. Cela suppose un langage de vérité loin de toute sinistrose, des sous-intégrations régionales, une visibilité et cohérence dans la démarche des réformes et une nette volonté politique de changement. Il y va de la sécurité nationale.
Les décennies qui ont marqué la vie politique et économique de bon nombre de pays du tiers monde, qui malgré des ressources naturelles considérables n’arrivent pas à asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales, dont l’Algérie, me réconfortent aujourd’hui dans ma conviction, qui consiste à dire que le développement n’est pas une affaire de quincaillerie industrielle, de signes monétaires, tant par l’importance des réserves de change, ou de dépenses monétaires, sans se soucier de la bonne gestion – dépenser sans compter – et de la démocratisation. Cela doit concerner avant tout la bonne gouvernance, intiment liée à la moralité des institutions et des personnes chargées de gérer la cité. Cela conditionne la lutte contre la corruption, qui prend des proportions alarmantes, la considération du savoir, le respect et la promotion de la femme, la symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident grâce au dialogue des cultures, qui a fait la prospérité du monde arabe et musulman à une certaine période historique. Cela passe par une visibilité et une cohérence dans la démarche, une politique socioéconomique cohérente, permettant de concilier l’efficacité économique et l’amélioration du pouvoir d’achat de la majorité en tenant compte des nouvelles mutations du monde où toute nation qui n’avance pas recule.
La bonne gouvernance se conjugue toujours au présent, se chante selon les hymnes des cultures et se vit comme une harmonie entre la force et la politique. La bonne gouvernance se vérifie dans la vision et les convictions des vrais acteurs et leurs capacités réelles à entreprendre les actions appropriées et engager la société dans la voie de l’efficacité et de la modernité fécondes et intelligentes. La transition démocratique réussie sera sans doute difficile, avec une possibilité d’interférences tant de forces occultes locales liées à la rente qu’étrangères pour faire échouer ce processus. Le régime algérien doit s’engager dans une transition démocratique pacifique. Comme le notait le brillant économiste indien et Prix Nobel d’économie, A. Sen, il ne peut y avoir de développement dans le temps sans démocratie, tenant compte des anthropologies culturelles des sociétés, l’Etat de droit pouvant être une étape intermédiaire. Espérons pour les générations futures, pour les intérêts supérieurs du pays, que l’on tienne compte des profondes pulsions de la société algérienne qui aspire à plus d’efficacité économique et à une profonde justice sociale, les sacrifices futurs devant être partagés, supposant une profonde moralisation de ceux qui dirigent la cité. Cette transition démocratique, pour plus de développement, plus d’espaces de liberté, suppose de nouveaux réseaux qui dynamiseraient celles conservatrices, les actuels montrant leurs inefficacités, car vivant du transfert de la rente des hydrocarbures, incapables de mobilisation et de sensibilisation. Cela se traduit par le divorce Etat-citoyens et laissant face à face, en cas de manifestations, la population aux services de sécurité, ce qui est nuisible à la sécurité du pays, qui est l’affaire de tous.
Ne nous ne trompons pas de cibles, pour paraphraser le langage militaire. L’on devra différencier stratégie et tactique en ce monde turbulent et instable supposant des stratégies d’adaptation tant internes que géostratégiques avec la quatrième révolution mondiale économique qui s’annonce entre 2020 et 2030, et donc approfondir impérativement les réformes, non des replâtrages, douloureuses à court terme, mais porteuses d’espoir à moyen et long terme, et ce, afin d’éviter notre isolement. Dans l’histoire récente de l’Algérie, la question des réformes, qu’elles soient économiques ou politiques, a donné lieu, en raison des enjeux qu’elles représentent, à l’élaboration de stratégies antagoniques qui œuvrent à la défense et à la promotion de ces dernières ou, au contraire, à leur blocage et, à défaut, à leur perversion ou à leur ralentissement. L’Algérie n’a pas d’autres choix que d’accélérer les réformes structurelles, microéconomiques et institutionnelles, condition de la stabilité macroéconomique, si elle ne veut pas épuiser ses réserves de change et aller au FMI horizon 2020.
Abderrahmane Mebtoul
Pour Algeriepatriotique
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