Giplait se lance dans l’élevage de bovins laitiers
Le nouveau groupe Lait et Giplait va investir dans l’amont de la filière lait avec la création durant l’année en cours d’une filiale spécialisée dans l’élevage de bovins laitiers et la production de lait de vache, a indiqué à l’APS le PDG de ce groupe public, Mouloud Harim. La nouvelle filiale Agro-Elevage de Giplait aura à son actif la gestion de 19 fermes pilotes attribuées récemment au groupe par le Conseil des participations de l’Etat (CPE). «Cela va nous permettre d’être dans l’amont de la filière lait», a précisé M. Harim.
Spécialisé auparavant dans la transformation et la commercialisation du lait et des produits laitiers, l’ex-Giplait (groupe industriel des productions laitières) s’est transformé en groupe Lait et Giplait, et ce, dans le cadre de la réorganisation du secteur public marchand décidée par le gouvernement. La restructuration de ce groupe relevant du secteur de l’agriculture, du développement rural et de la pêche a induit une fusion absorption de ses 15 filiales pour en constituer cinq entités actuellement, dont deux à l’est, une au centre et deux à l’ouest du pays.
Agro-Elevage sera donc la sixième filiale du groupe dont la principale mission est de transformer les dix-neuf fermes pilotes en «fermes modernes» de production de «lait de qualité», a indiqué M. Harim. Outre le repeuplement des étables, le projet compte également la création de pépinières de génisses dans ces exploitations, des centres de collecte auprès des éleveurs qui orbitent autour de ces fermes, des salles de formation au profit des éleveurs ainsi que des unités de commercialisation des produits d’hygiène, d’après le même responsable.
Une partie de ces exploitations seront consacrées à la production fourragère en vue d’approvisionner les éleveurs conventionnés avec les laiteries du groupe. Avant de lancer le programme d’investissement visant la modernisation de ces fermes, le groupe doit effectuer prochainement une évaluation sur le terrain afin de relever les points forts et les points faibles de ces exploitations dont certaines dépassent les 2 000 hectares. «Pour nous, c’est un potentiel très important que nous comptons valoriser en installant des élevages modernes afin de produire du lait de qualité», a ajouté le même responsable. «C’est un défi : nous allons tout faire pour transformer ces fermes de telle sorte qu’elles rayonnent au niveau des régions de leur implantation», a-t-il souligné, sans avancer des chiffres sur le coût de cet investissement, lequel sera déterminé après la phase d’évaluation.
M. Harim a précisé, en effet, que les moyens financiers du groupe étaient «largement suffisants» pour reprendre ces fermes et les moderniser en vue d’augmenter la production laitière locale. Néanmoins, il n’a pas écarté la possibilité d’intégrer un partenaire dans ce projet. «Pour le moment, c’est Giplait qui va consentir cet investissement, mais si demain on trouve un partenaire avec lequel on peut aller plus loin on le fera», a-t-il dit. Pour développer ces fermes, Giplait compte associer les instituts et les centres techniques spécialisés tel que le Centre national d’insémination artificielle et de l’amélioration génétique (CNIAAG) notamment pour le développement des pépinières de génisses. L’objectif étant de permettre aux éleveurs d’acheter des génisses à haut potentiel au niveau local au lieu de les importer. Ils pourront également rembourser les vaches achetées par la livraison du lait aux laiteries du groupe, explique M. Harim.
En parallèle à cette nouvelle mission, Giplait continuera de produire du lait pasteurisé conditionné en sachet (LPC) fabriqué à base de la poudre de lait importée et dont le prix (25 DA/litre) est subventionné par l’Etat. Le groupe détient plus de 50% des parts de marché de ce produit. Avec une production annuelle de 1,8 milliard de litres, les filiales du groupe sont tenues de répondre aux besoins du marché, d’intervenir en cas de déséquilibre ou déficit en LPC, et ce, grâce à une politique de distribution par zone. Pour assurer ce rôle de régulateur du marché, le groupe a investi plus de 5 milliards DA au cours de ces dernières années. «Nous avons changé beaucoup d’équipements, sécurisé l’outil de production et augmenté les capacités de production», a indiqué M. Harim.
Par ailleurs, Lait et Giplait compte lancer cette année de nouveaux produits dont le lait pasteurisé conditionné en carton fait à base de lait de vache et qui sera vendu à prix libre entre 55 et 60 DA/litre. «C’est un produit de bonne qualité puisqu’il va garder toutes ses qualités organoleptiques. Cela va nous permettre de changer le modèle de consommation des Algériens habitués à prendre du lait fabriqué à base de la poudre importée», a fait valoir le même responsable.
R. E.
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