Le Cnesto interpelle les autorités sur la situation des étudiants en chirurgie dentaire
Le Conseil national des enseignants du supérieur de la wilaya de Tizi-Ouzou (Cnesto) interpelle les autorités algériennes sur la «situation alarmante» des étudiants en chirurgie dentaire. Alerté par la décision prise par ces étudiants d’entamer une grève de la faim, le Cnesto appelle ainsi à venir en aide à cette catégorie d’étudiants et à mettre fin à leur supplice. «Le risque pris par les étudiants en chirurgie dentaire de la Faculté de médecine de l’Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, en s’engageant dans une grève de la faim depuis hier, et ce, jusqu’à la satisfaction entière de leurs revendications, interpelle toute la communauté universitaire, enseignants, étudiants et ATS, voire au-delà», avertit le Cnesto dans un communiqué.
Pour cette organisation syndicale qui défend les enseignants, mais aussi l’université en générale, «ce n’est pas par excès de zèle, ni par désir démesuré de faire l’intéressant, et encore moins par folie que ces étudiants ont brandi aujourd’hui cette arme à double tranchant». Cette organisation syndicale explique ainsi cette grève de la faim par «le recours de l’administration à l’usage de la violence et de la force publique pour étouffer leur mouvement de protestation enclenché en novembre 2016». «Qu’espérait vraiment l’administration en réprimant sauvagement cette protestation ? Que les étudiants soient terrorisés et abdiquent après plus de quatre mois de grève sans interruption et sans résultats rassurants ? Mais il y va non seulement de leur avenir, mais aussi et maintenant de leur dignité, froissée et piétinée», s’interroge le Cnesto, qui estime que «si les doléances exprimées par ces étudiants avaient été convenablement prises en charge, leur protestation n’aurait pas duré tout ce temps».
Le Cnesto considère les revendications de ces étudiants comme légitimes et réalisables. «Devant un avenir effrayant, ils ont demandé la mise en place de mécanismes et de mesures à même d’améliorer à terme la qualité de leur formation et plus de possibilités d’employabilité. Pour les mécanismes et les mesures d’amélioration de la qualité de leur formation, s’ils n’existent pas encore après des années d’existence de ce cursus dans notre pays, c’est qu’il y a mauvaise gestion et mauvaise planification», souligne cette organisation syndicale très influente au sein de l’Université algérienne.
Le Cnesto reconnaît que l’employabilité des diplômés concerne toutes les spécialités et tous les domaines et qu’elle n’est pas du ressort de l’université. «Mais si aujourd’hui dans notre pays le chômage des diplômés universitaires effrayent nos jeunes au point de risquer leurs vies, c’est parce que la politique générale de l’emploi suivie n’est pas performante et celle de la solidarité non rassurante», dénonce-t-il, expliquant que c’est parce que le chômage est systémique au capitalisme sauvage et à l’économie de la concurrence et du marché imposé au monde entier, que les politiques ont instauré et institutionnalisé un salaire universel minimum garanti en Suède et en Norvège pour rassurer leurs citoyens, notamment les plus jeunes d’entre eux, et préserver leur dignité, tout en levant les contraintes sociales sur leurs entreprises qui ont renoué d’ailleurs par là avec la compétitivité.
«Notre pays aussi a tout à gagner (stabilité, paix et développement économique et social) en suivant l’exemple de ces pays-là qui ont fait de l’épanouissement humain une priorité nationale. Cette voie permettra à terme à notre pays de revoir de fond en comble tous nos systèmes (éducatif, formation professionnelle et universitaire…) qui sont loin de répondre aux attentes des citoyens, des entreprises et de l’Etat», relève le Cnesto, qui qualifie la situation des étudiants en chirurgie dentaire d’intenable.
Sonia Baker