Blair lance l’idée d’un institut global pour le changement
L’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, revient à la charge à travers un grand projet pour fédérer les opposants mondiaux au populisme. Il vient, en effet, d’annoncer le lancement d’une nouvelle plateforme politique pour, dit-il, occuper l’espace abandonné par les acteurs de la sphère politique et qui consiste à organiser la réplique contre le populisme autoritariste effrayant qui vise dans le fond à remettre en cause les fondements même des choix démocratiques en Occident.
Tony Blair présente son nouvel institut pour les changements globaux comme étant un groupe de réflexion dont la finalité est de proposer aux politiciens de tous bords des idées et des stratégies leur permettant nonobstant de repenser le modèle dans lequel nous vivons aujourd’hui, dominé, force est de constater, par la montée des populismes, conséquence des révoltes culturelles et économiques contre les effets de la mondialisation. Dans un entretien accordé au quotidien britannique The Guardian, M. Blair a clairement laissé entendre que cette initiative ne constitue en aucun cas un embryon annonçant la naissance d’un nouveau parti politique en Angleterre. Il ne s’agit surtout pas, selon lui, d’une indication de son éventuel retour au-devant de la scène politique, mais un effort de réflexion pour une permettre aux centristes de s’imposer comme la principale force politique en Europe. «Un sentiment d’indifférence à la démocratie libérale commence à émerger dans certaines parties de l’Europe. Une situation très inquiétante qui touche presque un tiers des jeunes Français qui émettent des doutes sur l’efficacité des choix démocratiques comme système de gouvernance.»
Même dans les situations où les mouvements populistes n’accèdent pas au pouvoir, comme en Hollande, ils gardent leur influence sur la société et contribuent d’une manière ou d’une autre à fausser le débat. Les mouvements populistes pêchent souvent en eaux troubles pour identifier les gens désespérés ou une tranche contestataire de la société comme réponse à l’accélération du processus de ce qu’ils appellent le changement. En un mot, leur stratégie consiste à dresser les membres d’une même société les uns contre les autres, une forme de raccourci pour accéder au pouvoir.
L’ancien Premier ministre britannique, dont le passé est lourdement souillé par son rôle dans la guerre en Irak, a déclaré, je cite : «Je vais m’efforcer de jouer un rôle dans le débat politique. Je suis conscient de tous les problèmes dont font face les sociétés occidentales, notamment le risque de l’éclatement d’une troisième guerre mondiale. Je suis également très conscient que la tâche pour affronter ce grand défi n’est pas de tout repos, car je suis convaincu que je serai inévitablement la cible du tourbillon médiatique acquis aux thèses de l’extrême droite qui tente a priori de confisquer le débat politique et de vouloir me liquider.»
Selon l’ancien Premier ministre travailliste, Tony Blair, les mouvements de l’extrême droite ne ménagent plus aucun effort pour faire évacuer de l’espace politique les mouvements centristes. Seule voie pour eux d’espérer arriver au pouvoir. Mon analyse, précisera M. Blair, n’est pas fortuite, mais la résultante d’une mûre réflexion sur l’état des systèmes politiques en Occident et une mise en garde à destination de tous les démocrates sur l’urgence de la situation, car la facho-sphère se réveille et s’active pour faire replonger le monde civilisé dans les affres des périodes sombres de son histoire récente.
De Londres, Boudjemaa Selimia
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