Paris, Londres, Anvers : les terroristes se retournent contre leurs bienfaiteurs
L’Europe est une nouvelle fois en proie à une vague d’attentats qui s’étend désormais à plusieurs pays en même temps. En moins de 24 heures, deux incursions terroristes, à Londres et à Bruxelles, succédant à une attaque à l’aéroport d’Orly, en France, ont suffi pour rappeler l’extrême fragilité de la situation sécuritaire qui prévaut dans la plupart des pays d’Europe occidentale, nonobstant toutes les assurances répétées inlassablement par des dirigeants de plus en plus acculés par la montée des mouvements nationalistes. Une situation qui prouve aussi la fatuité de tous les dispositifs mis en place pour parer à d’éventuelles attaques, dont la dernière en date est l’interdiction par le gouvernement américain, suivi par celui de Grande-Bretagne, des ordinateurs et autres moyens de communication électroniques aux voyageurs venant de six pays moyen-orientaux. La France et la Belgique réfléchiraient d’ailleurs à la mise en place de la même procédure.
Il se trouve que la tendance à durcir indéfiniment ces dispositifs antiterroristes ont, comme le relève nombre d’observateurs avisés, amené les terroristes à adapter leur mode d’opération, en recourant à des attaques de plus en plus individuelles, donc plus difficiles à contrôler ou à anticiper.
Vu sous un autre angle, la peur qui plane aujourd’hui sur des pays comme la Grande-Bretagne, la Belgique, la France ou la Suisse est la conséquence logique d’un laxisme des gouvernements de ces Etats envers les terroristes, en leur assurant depuis les années 1990 hébergement, liberté d’organisation et impunité. Le cas des anciens membres du GIA, longtemps protégés et qui se retrouvent tout d’un coup indésirables ou recherchés, montre à la fois la cécité et l’incapacité des services de sécurité de ces pays à prévoir ce retournement dangereux.
Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, une bonne patrie des auteurs de ces attentats appartient à ces cellules actives et dont certains, à l’image du Pakistanais qui a exécuté l’attaque de Londres, étaient connus des services de renseignement et ont déjà été condamnés par la justice pour appartenance à des groupes radicaux.
La recrudescence des attentats en Europe s’expliquerait également par le reflux que connaît depuis quelques mois l’action terroriste dans les pays arabes, notamment en Syrie. Un constat qui accrédite la thèse selon laquelle une partie non-négligeable des terroristes étrangers activant en Syrie venaient des pays occidentaux, et que ces pays avaient laissé faire voire couvert pendant toute cette période de guerre.
R. Mahmoudi
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