Belani dénonce une «énième imposture marocaine» à l’UE
L’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, a dénoncé vendredi une «énième imposture marocaine», qualifiant la projection au Parlement européen d’un documentaire qui fait le parallèle entre le mouvement de libération Front Polisario et les organisations terroristes qui activent dans la région du Sahel de «grossière opération de désinformation». «Il s’agit de la énième imposture marocaine au Parlement européen. En vérité, il s’agit d’une grossière opération de désinformation conçue et mise en œuvre par les relais locaux des services spéciaux», a-t-il déclaré à l’APS.
Selon M. Belani, «cette manigance était tellement grossière que tous les eurodéputé sollicités, dont celui qui devait en être le parrain principal, ont préféré ne pas y participer de peur de se discréditer en associant leur nom à une opération de manipulation malsaine et cousue de fil blanc». Mercredi dernier, l’élue belge du Mouvement réformateur (MR), Latifa Aït Baâla, d’origine marocaine, a organisé au Parlement européen une projection d’un «film-documentaire» intitulé Sahara et Sahel Connexions – trafic, drogue, terrorisme, réalisé par le Marocain Hassan El-Bouharrouti, un spécialiste des documentaires de propagande et promoteur des thèses colonialistes marocaines.
Ce «film-documentaire», dont les principaux acteurs ne sont autres que le député européen Aymeric Chauprade, exclu de son parti d’extrême droite français, le Front national, pour xénophobie, et le directeur du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), Abdelhak El-Khiame, tente de discréditer le Front Polisario, classé par l’ONU comme mouvement de libération nationale, en le faisant passer pour une organisation terroriste au même titre qu’Aqmi et le Mujao. La mobilisation de nombreux parlementaires européens contre la projection de ce documentaire a dissuadé même le parrain de cette activité, l’eurodéputé belge et ancien commissaire européen, Louis Michel, d’y assister. Ce dernier a préféré s’inscrire aux abonnés absents.
L’eurodéputé Louis Michel a adopté la même attitude lors de la projection d’un autre documentaire de propagande intitulé Sahara Occidental – source et ressources au Parlement européen, en avril 2016, du même réalisateur marocain Hassan Al-Bouharrouti. Saisi par des députés européens sur cette activité, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a tenu à souligner dans sa réponse que «de tels événements, même s’ils se déroulent dans les locaux du Parlement, ne représentent pas la position officielle du Parlement qui s’exprime par ses résolutions plénières ou par l’intermédiaire de ses organes parlementaires officiels respectifs». «Par défaut, les organisateurs au sein de la chancellerie marocaine ont été contraints de faire appel à leur homme lige, qui n’est autre que le ‘‘NostAlgerique’’ patenté au sein de l’hémicycle, et le représentant d’un courant politique haineux et nauséabond, pour officier en tant que ‘‘maître de cérémonie’’ de cette bouffonnerie pitoyable», a ajouté M. Belani.
En effet, sur les 751 députés que compte l’hémicycle européen, seul Aymeric Chauprade a assisté à la projection du «film-documentaire». Les organisateurs étaient également contraints à apporter quelques modifications à la fiche de présentation du «film-documentaire», en supprimant la référence au Front Polisario, qui y figurait sur la fiche d’origine aux côtés d’organisations terroristes. Le film fait également fi du fait que le Maroc reste l’un des plus grands pourvoyeurs mondiaux de la drogue dans sa partie consacrée au trafic de drogue dans la région en provenance d’Amérique latine.
Evoquant les connexions entre criminalité et trafic de drogue, que le «film-documentaire» a volontairement élagué tant il incommode les autorités marocaines, l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles a rappelé que le rapport 2016 de Frontex, intitulé «Africa-Frontex Intelligence Community Joint Report», publié récemment, «épingle, dans sa partie consacrée à la criminalité transfrontalière, le Maroc». Citant le rapport de Frontex, M. Belani a affirmé que le Maroc est devenu un «hub pour le trafic de cannabis à destination de l’Europe et des marchés locaux», faisant remarquer que le rapport souligne que «le trafic de drogue est l’activité la plus rentable pour les groupes de criminels activant au nord du Maroc, et que le trafic de hachich, en tant qu’activité à faible risque et aux profits élevés, reste un domaine plus attractif que le trafic de migrants».
R. I.
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