Israël appelle les juifs à quitter «immédiatement» la Tunisie
Le gouvernement israélien a déconseillé aux juifs de se rendre en Tunisie pour le pèlerinage à la synagogue de la Ghriba, à Djerba, qui se tiendra du 14 au 15 mai. Dans un post publié sur son compte Twitter, mercredi 3 mai 2017, le porte-parole du gouvernement israélien, Ofir Gendelman, a indiqué que «la Tunisie n’est pas un pays sûr en raison du risque terroriste», ajoutant que «les juifs israéliens doivent immédiatement quitter le pays».
Selon Ofir Gendelman, «la menace terroriste en Tunisie est concrète et de haut niveau suite à une évaluation faite par le bureau antiterroriste du gouvernement israélien», qui vient de publier un communiqué sur la situation sécuritaire en Tunisie. Cet organisme a noté que «des éléments terroristes, notamment affiliés au jihad mondial, continuent à agir en vue de mener des attaques en Tunisie». «Etant donné la gravité de la menace, le bureau du contreterrorisme conseille aux Israéliens de s’abstenir de se rendre dans le pays, et à ceux qui y sont, d’en partir immédiatement. Le risque d’attaques, également contre des juifs, existe», poursuit le texte.
Suite à ces déclarations, Pérez Trabelsi, président de la commission d’organisation du pèlerinage de la Ghriba, a accusé sur la radio Mosaïque FM Israël de chercher à saboter, comme à son habitude, le pèlerinage, ajoutant que les autorités tunisiennes ont pris les mesures nécessaires pour assurer le bon déroulement de l’événement. «La sécurité en Tunisie est mieux que la sécurité en Israël», a-t-il soutenu. Trabelsi a affirmé également que les touristes ont confiance en la Tunisie, précisant que le nombre de pèlerins pourrait atteindre cette année les 3 000 personnes, dont des Belges, des Français et des Canadiens.
Le pèlerinage de la synagogue de la Ghriba de Djerba a lieu autour de la fête juive de Lag BaOmer, qui commencera cette année le 14 mai. L’année dernière, le bureau, une branche du bureau du Premier ministre, avait publié un avertissement similaire sur les voyages en Tunisie pendant la fête. L’évènement s’était déroulé sous sécurité rapprochée des forces tunisiennes. Une communauté juive existe à Djerba où le nombre de pèlerins a considérablement diminué depuis un attentat suicide revendiqué par Al-Qaïda qui avait fait 21 morts en 2002.
Le gouvernement tunisien redoute que le «Travel Warning» israélien compromette la saison touriste 2017. L’économie tunisienne repose sur le tourisme. Cette activité est en berne depuis la «révolution du Jasmin» de 2011, au cours de laquelle le président Zine El Abidine Ben Ali avait été chassé du pouvoir.
L’instabilité politique, la crise économique et le risque terroriste dissuade depuis les touristes occidentaux de se rendre dans ce pays endeuillé par plusieurs attentats terroristes. Certains d’entre eux ont ciblé des complexes touristiques très fréquentés. Des dizaines de touristes occidentaux ont été tués. Sous l’effet de la crise, de nombreux établissements hôteliers se sont d’ailleurs vu contraints de mettre la clé sous le paillasson et de licencier des centaines de travailleurs. L’an dernier, la saison touristique avait été sauvée in extremis par les touristes algériens qui se sont rendus en masse en Tunisie.
Sadek Sahraoui
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