L’Ukraine joue au mercenaire et alimente les conflits en Afrique
Le Comité des Nations unies chargé de surveiller l’embargo international sur les armes au Soudan du Sud accuse l’Ukraine d’avoir fourni aux autorités de ce pays différentes armes, contribuant ainsi à la prolongation de la guerre civile. Se basant sur un rapport secret de l’ONU, le journal The Daily Nation rapporte qu’un avion cargo ukrainien de type L-76 a décollé de l’aéroport de Kharkiv, en Ukraine, le 27 janvier 2017 dernier pour atterrir à l’aéroport de la ville de Gulu. Il avait à son bord deux avions de chasse L-39 et des moteurs d’avions produits par une société basée dans la ville de Tulane.
Ces deux avions de chasse ont été vus sur le tarmac de l’aéroport de Juba. Au début, The Daly Nation a soutenu que personne ne savait exactement à qui cette cargaison d’armes, qui comprenait des avions de combat et des moteurs d’avion, était destinée. Acculée, l’Ukraine finira tout de même par reconnaître qu’elle a bien envoyé des avions de combat. Elle a, néanmoins, souligné que toutes ces armes étaient destinées aux forces armées ougandaises, soulignant que les avions de chasse doivent servir à former des pilotes.
Après investigations, les Nations unies ont immédiatement crié au mensonge. Elles disent avoir des preuves en béton que ces armes sont destinées aux Sud-Soudanais. Son enquête a ainsi révélé l’existence de documents indiquant qu’un accord pour la fourniture d’armes a été signé en juin 2014 par deux agents des services de renseignement ukrainiens et une société enregistrée aux Seychelles. L’accord comprend la fourniture de grandes quantités d’armes, dont 30 chars T-55, 20 pièces du système «ЗУ-23» antiaérienne avec 5 000 obus chacun, 10 véhicules, un grand nombre d’armes à feu et des munitions.
Le rapport exploité par The Daily Nation souligne que l’ONU cherche toujours à rendre plus efficient l’embargo sur les armes qui frappe le Soudan du Sud. Sa tâche est, cependant, rendue difficile par certains membres du Conseil de sécurité qui refusent de jouer le jeu. L’ONU avait, d’ailleurs, averti en 2016 que «les armes ont continué d’affluer au sud du Soudan et qu’elles proviennent de diverses sources». Dans de nombreux cas, elles sont expédiées par certains pays voisins.
Les experts de l’ONU soutiennent, par ailleurs, qu’ils ont des preuves crédibles que le gouvernement sud-soudanais continue d’acheter des armes pour ses forces armées et les milices qui lui sont alliées. Les Nations unies ont à ce propos critiqué en mars dernier le gouvernement du Sud-Soudan concernant sa propension à dépenser plus de la moitié de son budget dans l’achat d’armes, alors que son peuple est ravagé par la famine.
Indépendant du Soudan depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé fin 2013 dans une guerre civile politique et ethnique qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés. Depuis juillet, les combats et la famine se sont même intensifiés, provoquant encore plus de misère. D’après l’ONU, la moitié de la population du plus jeune Etat du monde a besoin d’une aide alimentaire d’urgence, soit 6,2 millions de Sud-Soudanais. Sans oublier les ravages des épidémies, à commencer par le choléra.
Sadek Sahraoui
Comment (5)