Réunion du Comité des 24 : le Maroc rappelé à l’ordre
L’ambassadeur et conseiller au ministère des Affaires étrangères, Mohamed Haneche, a affirmé mercredi que les tentatives de la diplomatie marocaine de remettre en cause la représentativité unique et légitime du peuple sahraoui par le Front Polisario et changer les termes de référence de la question lors du des travaux de la réunion du Comité des 24 aux Caraïbes «ont échoué», dénonçant une machination grossière rejetée par l’ensemble des délégations.
Compte tenu de l’importance de cette réunion de décolonisation qui s’est déroulé du 16 au 18 mai à Kingstown (Saint-Vincent et les Grenadines) et de la vocation du Comité des 24 – chargé à chaque fois de donner lieu à une discussion et un dialogue sur les moyens de faire progresser les cas de décolonisation qui restent – la délégation marocaine a profité de cette occasion pour présenter à l’ensemble des participants deux agents marocains comme de prétendus représentants du peuple sahraoui autres que le Front Polisario.
«Il s’agit évidemment d’une machination grossière destinée à remettre en cause le principe déjà reconnu par l’Assemblée générale des Nations unies, le Conseil de sécurité reconnaissant que le Polisario est le représentant unique et légitime du peuple sahraoui à l’exclusion de tout autre», a déclaré M. Haneche lors d’un entretien à l’APS. L’ambassadeur algérien a, en outre, précisé que le Maroc a tout fait pour s’investir dans des actions destinées à changer les termes de référence de la question telle qu’elle est exposée au niveau du Comité de décolonisation, par des dialogues et négociations, puis par la force et la provocation en attaquant le diplomate algérien Sofiane Mimouni, mais aussi en imposant la présence de deux prétendus représentants du peuple sahraoui qui sont des élus marocains. «Les deux prétendus représentants du peuple sahraoui, qui sont des élus marocains, n’ont rien à voir avec la représentation populaire sahraouie», a-t-il renchéri.
«La délégation marocaine a essayé par l’infiltration de ces deux agents marocains même s’ils sont d’origine sahraouie, de changer les règles du jeu et de faire accroire que la représentation du peuple du Sahara occidental appartient également à des gens qui n’ont rien à voir avec le Front du Polisario», a expliqué M. Haneche.
En réponse à cette attitude marocaine, la réplique unanime des délégations a été le refus de cette machination.
M. Haneche, qui était à la tête de la délégation algérienne, a souligné que le contexte de cette réunion est très spécial car il intervient après l’adoption, en avril, de la résolution 23-51 du Conseil de sécurité qui confirme de manière très forte le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. «Le secrétaire général de l’ONU affirme à cette occasion une déclaration de substance très importante dans laquelle il a demandé à nombre de parties, y compris le Maroc et le Polisario, de reprendre les négociations pour une relance effective et sans condition du processus de paix».
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a apporté des précisions concernant l’incident survenu lors de la réunion de l’ONU sur la décolonisation à Kingstown, affirmant qu’il s’agissait «d’une perturbation» du débat qui n’a pas nécessité l’intervention de la sécurité.
Selon M. Haneche, «les travaux ont donné lieu à des résultats clairs : la représentativité unique et légitime du peuple sahraoui est le front du Polisario ; la pertinence du plan de règlement ; l’attachement aux résolutions du Conseil de sécurité et la poursuite des efforts pour ramener les Marocains et les Sahraouis à négocier de bonne foi pour faire avancer le dossier».
R. I.
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