Voyeurisme en plein mois sacré
Par M. Aït Amara – L’affaire du PDG de Naftal qui se trouve entre la vie et la mort sur un lit d’hôpital pose le problème de l’usage qui est fait des réseaux sociaux et des moyens de communication modernes de manière générale. Le limogeage du premier responsable de cette filiale de Sonatrach et le malaise qui s’en est suivi interpellent toute la société sur les graves atteintes à la vie privée des citoyens. Un phénomène qui n’a cessé de s’aggraver depuis des années, sans que les autorités politiques du pays prennent une quelconque décision pour y mettre fin.
Hormis les quelques rappels à l’ordre obsolètes de la très jeune Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) et de l’ancien ministre de la Communication, qui n’avait de cesse d’appeler au respect de l’éthique tout en avouant indirectement son incapacité à réguler ce secteur névralgique et difficile à organiser, les réseaux sociaux et les médias audiovisuels, pléthoriques et hétéroclites, continuent d’exercer une influence très négative sur une opinion publique vulnérable parce que réceptive aux idées abêtissantes irriguées à travers ces canaux débridés et amateurs.
Le PDG de Naftal qui a, semble-t-il, subi un véritable lynchage suite à une supposée affaire de mœurs était, par ailleurs, en droit de se défendre si tant est que la vidéo qui circule sur certains réseaux ou sur des téléphones portables serait un grotesque montage.
Comment expliquer une telle déliquescence qui a permis une dérive morale en plein mois sacré de Ramadhan ? Où est l’Etat censé protéger le citoyen de ce genre de cabales, qui plus est lorsqu’il s’agit du premier responsable d’une entreprise de la taille de Naftal ? Qui est derrière la propagation de cette information qui s’est répandue comme une traînée de poudre à travers tout le pays, brisant une famille et attentant à la santé du concerné ?
Il est grand temps que les pouvoirs publics mettent sérieusement de l’ordre dans le paysage audiovisuel et empêchent par la force de la loi ces abus qui tendent à se banaliser. On le voit dans les pseudo-caméras cachées servies durant ce mois de jeûne aux Algériens. Des émissions où la violence et la vulgarité le disputent à la débilité et à la niaiserie et qui n’épargnent pas même la Télévision publique.
M. A.-A.
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