Benflis à Al-Jazeera : «Seule l’armée accomplit ses missions constitutionnelles»
Dans un entretien à la chaîne qatarie Al-Jazeera, le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, considère que les dernières élections législatives en Algérie «n’ont rien d’honnête» et que «la politique des quotas a encore fonctionné». «L’appareil politico-administratif a classé les différentes forces politiques selon le critère de soumission et d’allégeance, en offrant les premières places à la clientèle traditionnelle et en sanctionnant l’opposition qui ne veut pas suivre ses stratégies politiques», affirme Benflis pour qui le véritable enseignement à tirer de ce scrutin est la désaffection «inédite» des Algériens. Et d’enchaîner : «L’amendement constitutionnel et les élections législatives ont maintenu le statu quo politique dans le pays», en considérant qu’en Algérie, «ni l’opposition n’a une marge de manœuvre ni les parti loyalistes n’ont une liberté d’action».
Interrogé sur l’action du gouvernement actuel, Benflis affirme que l’Exécutif «ne veut pas sortir de son univers virtuel dans lequel il s’est enfermé». Il est persuadé que le nouveau gouvernement n’accomplira pas ses missions constitutionnelles et ne pourra même pas se réunir. «On nous parle d’un gouvernement élargi, alors qu’on constate que ce sont les mêmes figures issues des mêmes courants politiques et les mêmes allégeances qui ont été recyclées.»
Interrogé sur la succession de Bouteflika, Ali Benflis estime que certains hommes influents au pouvoir «ont voulu faire des dernières législatives une sorte d’avant-première de l’élection présidentielle. Or, il est difficile de parler, dans le cas de notre pays, d’un pouvoir homogène car il y a un vrai dysfonctionnement des institutions, illustré par la manière ubuesque dont a été formé le gouvernement, qui est tout à fait anticonstitutionnelle et contraire aux règles régissant une opération d’une telle importance», explique-t-il.
Poursuivant sur sa lancée, le chef de file de Talaie El-Houriyet juge que le pays «n’est plus gouverné par des responsables habilités constitutionnellement mais par des forces non constitutionnelles prenant en otage l’Etat algérien». «Dans ce paysage politique sombre, ajoute-t-il, seule l’institution militaire accomplit ses missions constitutionnelles et protège l’Etat algérien.» Pour lui, le prochain président devrait être «un homme de changement et de réformes» et devrait «jouir d’une légitimité et d’une crédibilité suffisantes pour pouvoir affronter les défis et ouvrir les grands chantiers politiques et socio-économiques».
Enfin, Benflis révèle que des discussions seront engagées bientôt entre les partis d’opposition pour «coordonner une riposte».
R. Mahmoudi
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