Le coup d’Etat de Haftar à Al-Sarraj
Par Sadek Sahraoui – Le gouvernement libyen basé à Tobrouk a annoncé lundi la rupture des relations diplomatiques entre la Libye et le Qatar. Cette décision a été prise peu après que les Emirats arabes unis, Bahreïn, l’Arabie Saoudite, l’Egypte et le Yémen eurent décidé, lundi, de faire de même avec le Qatar à cause de son «ingérence dans les affaires intérieures» d’autres pays et son «soutien au terrorisme». Le Qatar a été accusé d’avoir soutenu des groupes terroristes, telle l’organisation des Frères musulmans, dans de nombreux pays arabes, y compris en Libye.
Le ministre des Affaires étrangères libyen au sein du gouvernement de l’Est libyen, Mohamed Al-Dairi, a déclaré à Sky News Arabia que son pays a décidé de rompre tous ses liens avec Doha en soutien au Caire et aux autres pays du Golfe. Al-Dairi a ajouté que le Qatar n’a cessé de commettre des ingérences et des agressions en Libye. Il a indiqué que Doha n’a pas respecté la dignité du peuple libyen lors de la révolution du 17 février et que les Libyens n’ont toujours pas pardonné le soutien des Qataris aux groupes intégristes.
L’annonce de la rupture des relations entre la Libye et le Qatar étonne dans la mesure où le gouvernement de Tobrouk n’a aucune légitimité pour prendre une telle décision. C’est le Gouvernement d’union nationale (GNA), dirigé par Fayez Al-Sarraj, qui est habilité à se prononcer sur un sujet aussi grave. En agissant de la sorte, le gouvernement de Tobrouk opère un véritable coup d’Etat contre Fayez Al-Sarraj et prend bien évidemment le risque d’aggraver la fracture entre l’Est et l’Ouest libyen.
Visiblement dans le secret des dieux, le commandant de l’armée libyenne, le général Khalifa Haftar, avait préparé l’opinion à accepter ce coup d’Etat. A de nombreuses reprises, il avait accusé la semaine dernière le Qatar d’avoir soutenu financièrement des groupes terroristes en Libye. Le Comité national libyen pour les droits de l’Homme a également appelé dimanche à une enquête internationale complète sur l’ingérence du Qatar dans les affaires intérieures de la Libye et le soutien financier et militaire du Qatar aux groupes et organisations extrémistes en Libye.
S. S.
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