Solidarité avec les Rifains devant l’ambassade du Maroc à Paris
Un sit-in a été organisé mercredi en fin d’après-midi devant l’ambassade du Maroc à Paris pour dénoncer la répression du pouvoir marocain qui s’abat, depuis le 26 mai, sur les Rifains et sur des citoyens dans plusieurs régions du Maroc.
Cette manifestation pacifique, soutenue par la Plateforme française de soutien au peuple sahraoui, des militants du mouvement associatif français et des Sahraouis, a drainé plus d’une centaine de personnes contenues par un dispositif sécuritaire très rigoureux.
Un autre groupe de Marocains, soutenant le roi Mohammed VI, est venu perturber le sit-in de solidarité avec les Rifains en scandant «Vive le roi», mais les services de sécurité les ont séparés en mettant en place un cordon de sécurité afin d’éviter tout dérapage.
Les manifestants ont exprimé leur entière solidarité et leur soutien au mouvement populaire dans le Rif, appelant à sa généralisation dans toutes les autres régions du Maroc qui luttent pour la dignité du peuple, pour la justice sociale et contre la marginalisation de leurs régions des classes populaires.
Durant le sit-in, où on a aperçu l’historien Gilles Manceron, ils ont dénoncé avec force «les violences, la répression, les atteintes graves aux libertés d’expression et d’opinion et l’utilisation des milices encadrées par la police», demandant en urgence la satisfaction des revendications de la population avec des engagements clairs quant à leur application et la levée immédiate de la militarisation de la région du Rif.
Scandant «Justice, liberté ! A bas l’impunité !», les personnes, qui se sont rassemblées non loin de la place des Droits de l’Homme, ont exigé la libération sans conditions de tous les détenus suite à leur participation au mouvement revendicatif et de tous les détenus politiques marocains dans les geôles du régime.
Un appel à la solidarité avec le mouvement social du Rif, distribué sur place et signé par plusieurs associations, dont notamment l’Association des marocains en France (AMF), l’Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF), la plateforme euro-marocaine (MDDC), a dénoncé la campagne médiatique de dénigrement orchestré par l’Etat marocain pour discréditer le mouvement et ses leaders.
Les signataires de l’appel ont demandé la libération sans conditions de toutes les personnes arrêtées dernièrement et l’abandon de toutes les charges à leur encontre, la fin de la chasse aux militants du Hirak et de la répression des manifestations et la mise en place d’un réel projet de développement socioéconomique capable de sortir la région de son isolement, de créer de l’emploi, de scolariser la jeunesse dans des conditions décentes, de promouvoir la spécificité linguistique et culturelle, et de désenclaver la région sur le plan sanitaire et social.
Ils ont condamné, par ailleurs, l’utilisation par l’Etat marocain de la religion et des mosquées comme outil politique à l’encontre des mouvements sociaux.
Depuis le 26 mai dernier, une vague de répression accompagnée d’arrestations massives s’est abattue sur la ville d’Al-Hoceïma (nord du Maroc) en particulier, et s’est étendue à d’autres parties du Rif.
Le mouvement populaire rifain est né à la suite du décès de Mouhcine Fikri (mort broyé, le 28 octobre 2016), qui tentait de sauver sa marchandise jetée arbitrairement par la police dans un camion-poubelle, rappelle-t-on.
R. I.
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