Feraoun démagogue
Par R. Mahmoudi – Après avoir commencé à séduire par son style nouveau, son audace, le gouvernement Tebboune est vite rattrapé par la maladie infantile du système politique algérien : la démagogie. La mesure prise cette semaine par la ministre de la Poste et des TIC d’arabiser tous les documents fournis par les services de la poste s’inscrit en droite ligne de cette vieille recette que les décideurs ont l’habitude de mettre à jour à chaque fois que la machine grince, que la légitimité du pouvoir est sérieusement entamée. Et c’est bien le cas aujourd’hui, malgré les fausses apparences.
Car, au lieu de faire face aux problèmes, nombreux et complexes, dont souffrent la poste et les TIC dans notre pays, et de s’ouvrir au débat sur les insuffisances criantes dont pâtit ce secteur devenu stratégique, la ministre ou ceux qui la conseillent et lui dictent la marche à suivre ont trouvé un bon moyen de diversion pour faire oublier leurs échecs à répétition. Sur le plan formel, ils peuvent toujours se référer à la loi sur l’arabisation des institutions qui a été votée par l’APN et qui est en vigueur.
Sur le plan politique, on peut voir dans cette mesure une façon comme une autre de récupérer l’électorat islamiste, lequel se laisse facilement séduire par tout ce qui touche aux «thawabit» (valeurs inaliénables). Mais cela doit-il se faire au détriment de l’efficacité et de la rentabilité de tout un secteur ? Que fera-t-on de l’expérience acquise par les fonctionnaires ? On ne compte pas les risques de division que tout cela peut provoquer dans la société, où aucun débat préalable n’a été lancé pour, au moins, en connaître les échos et pouvoir ainsi prévenir les lacunes et défaillances qui ne manqueront pas d’être signalées. Il fallait pourtant, avant d’agir, tirer les enseignements des expériences passées, depuis les premières campagnes d’arabisation, où l’idéologique avait, comme aujourd’hui, primé sur les intérêts du pays.
R. M.
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