Financement non conventionnel de l’économie : Bouteflika donne son feu vert
Par Sadek Sahraoui – Le Conseil des ministres, présidé par le président Bouteflika, a adopté aujourd’hui un projet de loi portant amendement de la loi sur la monnaie et le crédit pour introduire le financement non conventionnel au profit du Trésor public. L’objectif étant de faire face à la crise économique qui touche le pays depuis la chute des prix du pétrole.
Dans un communiqué rendu public au terme de sa réunion, le Conseil des ministres précise que cet amendement permettra d’écarter le recours à l’endettement extérieur et de promouvoir le recours à un financement non conventionnel interne. «Le projet de loi examiné ce jour par le Conseil des ministres (…) autorisera la Banque d’Algérie à prêter directement au Trésor public afin de permettre à ce dernier (i) de financer les déficits du budget de l’Etat, (ii) de financer la dette publique interne, (iii) et d’allouer des ressources au Fonds national de l’investissement», indique le gouvernement qui précise néanmoins que «ce mode de financement exceptionnel, qui sera instauré pour une durée de cinq années, sera accompagné de la mise en œuvre d’un programme de réformes structurelles économiques et financières, destinées à rétablir l’équilibre des finances publiques ainsi que l’équilibre de la balance des paiements».
Afin sans doute de «dé-diaboliser» le procédé, le Conseil du gouvernement mentionne dans son communiqué que «le financement non conventionnel a été introduit par un certain nombre de pays développés (Japon, Etats-Unis, Royaume-Uni, par exemple) pour faire face aux effets de la crise financière mondiale sur leur développement». «L’Algérie va recourir temporairement à ce même financement après avoir résisté trois années durant aux effets d’une crise financière sévère induite par une grave chute des prix des hydrocarbures», précise la même source.
Le recours au financement non conventionnel de l’économie est justifié aussi par la nécessité d’éviter au pays «(…) un arrêt de son processus de développement économique et social, en même temps qu’il se ménagera une période de transition en vue de finaliser ses réformes économiques et financières».
Intervenant à l’issue de l’adoption de ce projet de loi, le Président de la République a souligné que «le peuple algérien qui a tant versé de sacrifices pour transcender la tragédie nationale et renouer ensuite avec le développement depuis près de deux décennies mérite de ne pas connaître une nouvelle panne de développement après celle qu’il a vécue à la fin des années quatre-vingts». Le président Bouteflika a ajouté que si le recours au financement non conventionnel permettra au pays de continuer d’avancer, cette formule novatrice interpelle également chacun pour prendre conscience de la difficulté de la période et du sursaut que cela exige.
Bouteflika a indiqué aussi que c’est parce que l’Algérie dispose encore d’une indépendance économique extérieure, grâce au remboursement anticipé de sa dette et à l’accumulation des réserves de change, qu’elle peut recourir aujourd’hui souverainement au financement interne non conventionnel pour éviter une régression de sa croissance qui serait dangereuse économiquement mais aussi socialement.
S. S.
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