La crise financière s’installe : les mairies prêtent de l’argent aux ministères
Par Hani Abdi – Les signes de la crise financière sont de plus en plus apparents. En août dernier, trois départements ministériels ont été «secourus» financièrement par l’Etat qui a puisé des quelques réserves qu’il compte encore au sein des collectivités locales. Trois décrets présidentiels portant réaffectation budgétaire d’un secteur à un autre ont été signés le 9 août dernier par le président Bouteflika.
Selon le Journal officiel n°51 du 30 août dernier, trois départements ministériels ont bénéficié de crédits puisés des charges des communes. Il s’agit des affaires étrangères, de la justice et de l’environnement. Le ministère de l’Intérieur a, lui aussi, puisé du budget consacré aux charges éventuelles des communes pour combler le déficit dans son budget de fonctionnement. Le total qui a été mobilisé dans ce cadre s’élève à plus de 400 millions de dinars. Le gros des crédits a été transféré vers le ministère de la Justice. En effet, selon le décret présidentiel n°17-236 du 9 août, il est annulé, sur 2017, un crédit de 224 000 000 DA applicable au budget des charges communes et au chapitre n°37-91 «Dépenses éventuelles-Provision groupée». Cet argent a été injecté sous forme de crédit dans le budget de fonctionnement du ministère de la Justice.
Autre somme puisée des caisses des communes : 57 200 000 DA injectés dans le budget de fonctionnement du ministère des Affaires étrangères. Le département de Noureddine Bedoui a également puisé de cette caisse des communes 105 000 000 DA pour faire face à certains besoins de fonctionnement. C’est dire à quel point l’Etat souffre de la raréfaction des ressources financières, depuis la chute continue des prix du pétrole. En affirmant à des chefs de partis politiques que l’Algérie n’aurait pas pu payer les salaires des fonctionnaires en novembre prochain si ce n’est le financement non conventionnel, Ahmed Ouyahia n’a donc pas fait dans l’exagération. Il a juste dit une vérité à ceux qui soutiennent l’action du gouvernement inspirée du programme du président Bouteflika.
La situation des finances publiques est telle qu’il est, selon le Premier ministre, difficile d’assurer un fonctionnement normal sans le recours au financement non conventionnel. Ahmed Ouyahia, qui présentera ce dimanche sa feuille de route devant les députés, a toujours plaidé pour le langage de vérité. Va-t-il donc dire la vérité aux Algériens lors de sa prestation parlementaire ?
H. A.
Comment (25)