HRW dénonce une campagne de répression contre les opposants saoudiens
Human Rights Watch (HRW) a dénoncé ce week-end une «campagne de répression» contre les opposants en Arabie Saoudite en confirmant l’arrestation de dizaines de personnes, dont des prédicateurs et des intellectuels dans le royaume ultraconservateur. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme basée à New York, ces arrestations sont «politiquement motivées».
Depuis 2014, les autorités saoudiennes «ont jugé presque tous les opposants pacifiques devant la Cour criminelle spécialisée, le tribunal chargé des affaires terroristes dans le royaume», a ajouté HRW dans un communiqué. Les sentences prononcées contre les militants pacifistes et opposants «démontrent l’intolérance totale de l’Arabie Saoudite envers des citoyens qui s’expriment en faveur des droits de l’Homme et des réformes», a dit Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW.
Selon des militants, au moins 20 personnes dont six prédicateurs (parmi lesquels Awad Al-Qarni et Salman Al-Aoudah) ont été arrêtés en Arabie Saoudite lors d’une campagne lancée le 9 septembre contre des dissidents. HRW avait auparavant dit que ces arrestations pourraient être liées à la volonté du jeune prince héritier Mohamed Ben Salmane, fils du roi, de consolider son pouvoir.
Salman Al-Aoudah, suivi sur Twitter par des millions de personnes, est considéré comme proche de la confrérie des Frères musulmans que soutient le Qatar, pays en crise avec l’Arabie Saoudite. Riyad a classé les Frères musulmans comme «organisation terroriste».
L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty international a également dénoncé cette «vague d’arrestations», estimant qu’elle visait «les derniers vestiges de la liberté d’expression» dans le royaume. «Ces dernières années, on ne se souvient pas d’une semaine durant laquelle autant de figures importantes saoudiennes (…) ont été visées en aussi peu de temps», a déclaré dans un communiqué Samah Hadid, directrice des campagnes d’Amnesty pour le Moyen-Orient. Et d’ajouter : «Il est clair que la nouvelle direction, sous la houlette du prince héritier Mohamed Ben Salmane, est en train d’envoyer un message effrayant : la liberté d’expression ne sera pas tolérée.»
Les autorités saoudiennes n’ont pas communiqué sur cette campagne d’arrestations. Mais en début de semaine, le procureur général a averti que toute atteinte à «l’unité nationale» ou à «l’image de l’Etat» est un «crime terroriste», ainsi que toute tentative visant à «perturber l’ordre public».
R. I.
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