Un discours de plus ?
Par Kamel Moulfi – Le discours prononcé hier par Ahmed Ouyahia devant les membres de l’Assemblée populaire nationale (APN) et adressé aussi à l’opinion publique – retransmis le soir même par la télévision – a-t-il convaincu ? Ne parlons pas des députés de la majorité présidentielle – dont l’image laisse penser qu’ils sont placés à l’APN pour acquiescer au discours officiel et lever la main au moment du vote des lois, ni de ceux de l’opposition qui font le contraire – mais de la population, en apparence «neutre» comme le suppose son abstention massive aux élections législatives qui ont donné cette APN.
Ce qui a été certainement le plus retenu du discours d’Ouyahia, c’est que le gouvernement ne touchera pas aux subventions accordées par l’Etat aux produits et services de base. Mais, a dit le Premier ministre, le problème reste posé. De la même façon, le gouvernement ne puisera pas dans «l’argent là où il est». Rien n’a été dit sur l’application de la loi dans le secteur économique pour permettre au Trésor public de récupérer un peu de liquidités. Cette action avait été promise par Tebboune. Pourtant, bien mise en œuvre, elle pourrait alléger le recours à la planche à billets.
Autre question : l’art de la rhétorique qui impressionnait l’auditoire, il y a de longues années, dans les premières interventions publiques d’Ouyahia, a-t-il encore son effet ? Visiblement, c’est plutôt le temps qui a produit son effet d’érosion sur ce style de discours et en a réduit plus spécialement l’éloquence alors qu’elle est absolument indispensable quand il s’agit de mobiliser dans des conditions défavorables, voire dangereuses, si l’on en croit les échos qui ont fuité de la réunion tenue par le Premier ministre, mardi dernier, avec les dirigeants des formations politiques de la majorité à l’APN (FLN, RND, TAJ et MPA).
Enfin, question qui résume tout : Ouyahia a-t-il réussi l’exercice de communication et d’explication auquel le président Bouteflika a appelé le gouvernement, dans le but de faire adhérer la société aux réformes ? Le sens de celles-ci est-il mieux compris ? Ou n’était-ce qu’un discours de plus, comme les autres ?
K. M.
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