Et l’informel ?
Par Sadek Sahraoui – Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a entamé ce lundi la présentation du plan d’action du gouvernement devant les membres du Conseil de la nation. C’est là une nouvelle occasion pour revenir sur les différentes mesures préconisées par le successeur de Tebboune pour éviter la banqueroute au pays.
Comme tout le monde le sait, l’essentiel de la thérapie de choc que l’ancien directeur de cabinet du président de la République se prépare à administrer à notre agonisante économie nationale consiste à faire tourner la planche à billets durant trois ou quatre années. Bizarrement, il n’est mentionné nulle part dans ce plan d’action la nécessité de déclarer une guerre sans merci à l’économie informelle et à l’évasion fiscale qu’Ahmed Ouyahia évalue à plus de 20 milliards de dollars. Ce filon n’aurait certes pas constitué la panacée à tous nos problèmes, mais 20 milliards de dollars, c’est tout de même énormément d’argent. Par ces temps de vaches maigres, la sagesse recommande justement de ne cracher sur rien.
Ne dit-on pas que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières ? Et encore, certains spécialistes soutiennent que le poids réel de l’économie informelle en Algérie est quatre fois plus important que les estimations avancées et tournerait autour des 100 milliards de dollars. Il s’agit là, il faut en convenir, d’un sacré paquet d’argent qui, s’il pouvait être récupéré, pourrait permettre au pays non seulement de financer sur au moins trois années ses déficits, mais aussi d’assainir durablement la sphère économique.
Ces données n’ont certainement pas échappé à Ahmed Ouyahia qui doit être, en ce moment même, en train de se demander comment sortir indemne de la «mission impossible» qui lui a été confiée par le président de la République. Mais s’il a écarté l’idée de s’attaquer aux racines de l’économie informelle, c’est qu’il doit avoir au moins deux bonnes raisons. Soit il a estimé que les barons de l’informel sont trop puissants et que ce n’était donc pas productif de leur déclarer la guerre maintenant, soit au contraire il est dans le calcul électoraliste. Un calcul qui lui a certainement recommandé de rester tranquille et d’éviter de faire des vagues au moins jusqu’à 2019, histoire de faire passer l’idée que l’Etat providence a encore de beaux jours devant lui en Algérie. L’annonce du lancement prochain par les banques publiques de la finance halal peut d’ailleurs accréditer cette idée.
S. S.
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