Accusé d’avoir appartenu au GIA : Daoud porte plainte contre Boudjedra
Par R. Mahmoudi – Dans une lettre publiée par le site Huffpost Maghreb, l’écrivain et chroniqueur Kamel Daoud annonce avoir déposé plainte contre Rachid Boudjedra qui l’accuse dans son dernier pamphlet (lire notre article «Sansal et Kamel Daoud sont des contrebandiers de l’Histoire», paru le 4 octobre dernier), et aussi contre son éditeur, pour exiger réparation et excuses publiques.
«Il n’est pas facile, en effet, de réagir aux propos diffamatoires d’un écrivain qu’on admirait tant, une des figures aînées de la littérature algérienne, Rachid Boudjedra, et qui, aujourd’hui, semble s’enfoncer dans les compromissions, opter pour le scandale comme moyen d’expression – au lieu du talent», écrit d’entrée Kamel Daoud. Celui-ci porte aussi la responsabilité à l’éditeur de l’ouvrage, Frantz Fanon, qui, pour lui, «ne semble accorder que peu de place à la rigueur et à l’éthique».
Dans sa contre-attaque, Daoud estime que les habitudes virulentes de Rachid Boudjedra sont «connues de tous (…) mais cette fois il s’agit d’une diffamation grave, d’une insulte à ma personne, au père et au fils que je suis, à la mémoire blessée de ma génération : lire dans un ouvrage publié que j’ai été “très jeune membre du GIA !”, donc membre d’un groupe d’assassins qui a marqué au sang notre souvenir et nos corps, m’est intolérable. Insupportable. Parce qu’il s’agit d’un groupe d’assassins, parce que cela nous a coûté une décennie de massacres, parce que beaucoup ont été victimes de ces meurtriers». Et de poursuivre : «S’amuser avec ce sigle pour régler ses rancunes n’est pas une insulte à ma personne, mais à nous tous. C’est une diffamation si grossière qu’elle laisse désarmé.»
L’auteur de Meursault, contre-enquête dit enfin qu’il ne peut accepter cela, «pas uniquement pour des raisons personnelles, mais aussi par égard à la mémoire déchirée de notre pays».
R. M.
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