Interview – Jean-Loup Izambert : «Les islamistes aident les Occidentaux à recoloniser le monde arabe» (II)
Algeriepatriotique : Vous évoquez des protections accordées à des individus liés au crime organisé commettant des attentats en Algérie, en Tunisie, en Libye et en Syrie. Quelles sont les preuves dont vous disposez sur les relations des dirigeants français avec ces organisations criminelles ? Et comment expliquez-vous que de telles complicités puissent exister au sommet de l’Etat français ?
Jean-Loup Izambert : Il est évident que la dénonciation de délits et de crimes commis par des dirigeants placés au plus haut niveau de l’Etat exige des preuves incontestables. Mes enquêtes menées depuis les années 1990 jusqu’à ce jour sur cet aspect de la criminalisation du pouvoir politique français m’ont permis de collecter de très nombreux documents de différentes sources. J’ai enquêté sur la France, mais également sur l’Espagne et le Maroc où je me suis rendu à plusieurs reprises pour de longs séjours entre 2007 et 2014. Mes sources sont pour beaucoup policières, judiciaires, proviennent de contacts dans divers services de renseignement et sont tant françaises que d’autres pays ou d’organisations internationales. Je n’ai publié, en fin des tomes 1 et 2 de 56, que quelques-uns des éléments essentiels dont j’ai pu vérifier l’authenticité. Les preuves sont constituées de rapports ou de notes de services de renseignement, de mandats d’arrêts internationaux émis par Interpol, de jugements, mais aussi de faits collectés auprès d’associations, d’organisations de l’ONU et autres. Je me suis rendu aussi bien dans des cités de grandes villes que dans les couloirs de grandes administrations et organisations. De même, j’ai rencontré plusieurs professionnels du renseignement tant de France que d’autres pays. J’ai été frappé au fil de ces années d’enquête par la qualité des contacts que j’ai pu tisser dans les milieux du renseignement. Cela vient sans doute du fait, pour partie, que les fonctionnaires de ces services qui risquent souvent leur vie dans leur lutte contre le terrorisme ont conscience que ceux qui sont derrière les tueurs ne sont pas toujours ceux que désignent les versions officielles de leurs hiérarchies. Pour répondre à la dernière partie de votre question, ces amitiés franco-terroristes se nouent en fonction des intérêts des sociétés transnationales des Etats occidentaux. Les Frères musulmans sont les principaux collaborateurs de ces Etats. Partout où vous avez un islamiste sunnite dans les allées du pouvoir, les peuples sont spoliés et la pauvreté se développe, tandis que les intérêts économiques, financiers et militaires des Etats impérialistes se portent bien. Pourquoi les Frères musulmans ? Parce qu’ils sont organisés dans les pays qui présentent des intérêts pour les transnationales occidentales. Leurs organisations ont des relations de longue date dans plusieurs pays arabes avec les cercles du pouvoir. Cela explique notamment les voyages répétés des anciens présidents Sarkozy et Hollande dans les dictatures du Golfe, principalement l’Arabie Saoudite et le Qatar. Ces pays sont les mères nourricières de très nombreux groupes irréguliers et terroristes qu’ils financent et arment sur tout le Moyen-Orient et le Maghreb. En échange du soutien qu’ils reçoivent pour renverser les républiques laïques et imposer leur dictature religieuse, les Frères ouvrent leurs «carnets d’adresses» aux Occidentaux pour qu’ils recolonisent économiquement et militairement des régions entières. Depuis la Loi fondamentale de leur mouvement adoptée en 1945, exception faite de la période 1946-1948, où ils militeront avec les groupes communistes en Egypte, plusieurs des principaux dirigeants des Frères musulmans seront, derrière une «pureté religieuse» de façade, les collaborateurs des Etats colonialistes. Certains collaboreront avec l’occupant anglais en Egypte, tandis que des groupes de leur base militante s’y opposeront armes à la main, d’autres formeront une division SS avec les nazis dont le centre sera en France, pendant la Seconde Guerre mondiale. Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à aujourd’hui, plusieurs des principaux dirigeants des Frères pactisent avec la CIA et d’autres services occidentaux, principalement anglais, français, et des dictatures du golfe Persique. C’est en fait une organisation à l’histoire très mouvementée. Les services occidentaux les instrumentalisent d’autant plus facilement que ces organisations ne sont pas démocratiques, les militants n’ayant que très peu de pouvoir sur la vie de leur mouvement et le contrôle de l’activité des dirigeants.
Dans ce même tome, des pays sont accusés de crimes d’agression, de crimes contre l’humanité en Syrie et en Libye. Pouvez-vous nous les citer et nous dire le rôle de chacun dans la guerre menée contre ces deux pays en particulier et dans d’autres ?
Comme je l’ai dit, le principal crime commis est le crime d’agression qui s’est accompagné de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Les principaux Etats impliqués dans ces crimes sont les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, les dictatures du golfe Persique, mais également Israël, la Turquie et la Jordanie. Les Etats-Unis sont, plus que tous les autres pays, responsables de la propagation du terrorisme à travers le monde et de l’horreur qui en résulte. Il existe de nombreux rapports tant de l’ONU que d’associations qui ont été réalisés sur place, en Irak, en Afghanistan, en Libye ou en Syrie qui décrivent les horreurs de ces crimes. Je cite notamment dans mon enquête le rapport accablant intitulé «Crimes de guerre commis contre le peuple syrien» réalisé en 2013 par quarante-cinq avocats, journalistes, députés, syndicalistes, artistes turcs qui permettra à «l’Association turque pour la paix» et à celle des «Avocats pour la justice» d’engager des poursuites contre les criminels de guerre en Syrie et leurs commanditaires. Mais les crimes de guerre ne se limitent pas à la protection, au soutien politique, diplomatique, financier, médiatique et militaire de groupes terroristes. Il y a surtout des crimes de masse commis par les Etats membres de l’Otan dont vous n’entendez jamais parler dans les médias français. Pourtant, bafouant la Charte des Nations unies, les résolutions de son Assemblée générale, du Parlement «européen» et plusieurs conventions internationales, les Etats-Unis, l’Angleterre et la France, engagés dans l’Otan, ont été jusqu’à utiliser de nouvelles armes contre les peuples, sans doute au nom de ce qu’ils appellent dans leur propagande «la protection des populations civiles». Plus d’un million de projectiles à l’uranium appauvri (UA) ont été tirés en 1991, soit entre 350 (chiffre du Pentagone) et 800 tonnes d’UA (selon la fondation Laka d’Amsterdam), 14 tonnes dans les Balkans entre 1994 et 1999, tandis que, selon une estimation de 2002 du journaliste d’investigation Robert J. Parsons, 3 000 tonnes d’uranium auraient déjà été utilisées en Afghanistan, à cette époque. Après la campagne du Kosovo en 1999, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe avait réclamé l’interdiction de la fabrication, des essais, de l’utilisation et de la vente d’armes à l’uranium appauvri. Plus tard, en décembre 2007, l’Assemblée générale de l’ONU a demandé «instamment aux Etats membres de ne pas faire usage d’armes contenant de l’uranium appauvri dans le cadre des opérations futures de la politique européenne de sécurité et de défense». De même, elle a, je cite la résolution de l’ONU, renouvelé «avec force son appel à tous les Etats membres et aux pays membres de l’Otan d’imposer un moratoire sur l’emploi d’armes contenant de l’uranium appauvri, de redoubler d’efforts en vue de leur interdiction mondiale et d’arrêter systématiquement la fabrication et les achats de ce type d’armes et de munitions». Puis, le 22 mai 2008, le Parlement «européen» a également adopté à son tour une résolution dans laquelle il «renouvelait avec force son appel à tous les Etats membres et aux pays membres de l’Otan d’imposer un moratoire sur l’emploi d’armes contenant de l’uranium appauvri, de redoubler d’efforts en vue de leur interdiction mondiale». Mais les bombardements ont continué, tout particulièrement lors de l’agression occidentale contre la Libye. La quantité de radioactivité lâchée sur l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan et l’Irak correspondrait ainsi à quatre cent mille fois celle d’Hiroshima – dont plus de deux cent cinquante mille fois sur le seul Irak.
Dans son reportage D’Iroshima à Bagdad, l’anthropologue et journaliste indépendante Joëlle Pénochet souligne que «la totalité de cette pollution radioactive est dix fois plus importante que celle qui a été provoquée par les essais nucléaires aériens depuis les années 1940». Comme en Irak, comme en ex-Yougoslavie, comme en Palestine, la première question des mères libyennes se trouvant dans les zones de guerre de 2011 et venant d’accoucher n’est pas «fille ou garçon ?», mais «monstre ou être humain ?». C’est donc bien de guerres atomiques camouflées auxquelles se livrent les dirigeants des Etats membres de l’Otan en bombardant peuples et pays avec des milliers de tonnes d’armes interdites. Et ils ont fait de même avec la Syrie, allant même, pour certains d’entre eux, comme les Etats-Unis et le Qatar, jusqu’à élaborer des plans pour permettre à leurs groupes de mercenaires de mener des attaques avec des armes chimiques. Le major Josh Jacques, un porte-parole de l’US Centcom, le commandement militaire étasunien pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a été obligé de reconnaître récemment que 5 265 obus à uranium appauvri avaient été tirés en novembre 2015 sur le territoire syrien. Cet ensemble de faits a pour conséquence qu’avec l’agression contre la République arabe syrienne, «on entre clairement dans le domaine de l’ingérence et de l’illégalité internationale», ainsi que le dit Alain Chouet, ancien chef de service du renseignement de sécurité de la DGSE, dans l’interview qu’il m’a accordée. Cela donne une idée des crimes auxquels ont participé les dirigeants français. Et cela donne également un aperçu de la servitude des actuels meneurs libyens, Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar qui bénéficie du soutien d’Israël. Ces derniers ont cru devoir se rendre à Paris en juillet dernier chez les assassins de leur propre peuple pour négocier leur installation au pouvoir et briser les acquis de la révolution libyenne de 1969. Il n’y a donc rien à attendre de ces individus puisque, comme vous le savez, le principal acteur de la déstabilisation de la Libye a été la France, avec les Etats-Unis, l’Otan et les dictatures du Golfe. Il est donc évident, sauf à être complètement naïf, que le peuple libyen ne retrouvera pas la voie de l’indépendance et du progrès avec ceux qui organisent la destruction de son unité pour mieux le piller.
Le quatrième chapitre est consacré, en partie, à un certain Cheikh Omar. Que pouvez-vous nous dire sur ce personnage et qu’elles ont été ses relations avec la CIA et la DGSE ?
A ma connaissance, la DGSE a des contacts avec des membres d’organisations criminelles, mais pas avec Cheikh Omar. Celui-ci a été le jouet de la CIA qui l’a recruté et utilisé dès la première guerre d’Afghanistan. Une nouvelle fois, nous trouvons les Frères musulmans prêtant mainforte aux agresseurs occidentaux pour renverser la jeune république laïque afghane. Son parcours est intéressant à plus d’un titre, car il montre bien comment cet homme d’influence des Frères musulmans a servi les intérêts des puissances occidentales en Afghanistan, le coran dans une main, le manuel de guerre subversive de la CIA dans l’autre. Il est également intéressant de voir comment il a dupé ses maîtres lorsqu’il s’est rendu aux Etats-Unis, alors que la CIA pensait contrôler ce fidèle collaborateur. Par contre, la DGSE travaille main dans la main avec d’autres individus tout aussi criminels, tels Abdelhakim Belhadj dont elle a armé la «brigade des martyrs du 17 février» ou l’ancien Premier ministre syrien, Riad Hijab, avec lequel elle tenta, avec les services d’autres pays, un coup d’Etat à Damas le 18 juillet 2012. Il y en a de nombreux autres, bien évidemment, tant la DGSE est impliquée, sur décision de l’Elysée, dans le renversement des gouvernements libyen et syrien, pour ne pas parler de l’Afrique et des Balkans. L’Etat-croupion du Kosovo, province yougoslave annexée par l’Union «européenne», où la DGSE a instrumentalisé des groupes de tueurs contre la Fédération de Yougoslavie, est aujourd’hui l’un des principaux lieux de passage de groupes terroristes, mais aussi d’entraînement vers plusieurs pays d’Europe occidentale et centrale. Les Français ne font que commencer à récolter ce qu’ils y ont semé du début des années 1990 à 2000. L’Occident va devoir vivre avec l’idée que la guerre qu’il répand contre les peuples commence à se retourner contre lui.
Vous revenez sur les dirigeants de l’ex-FIS dissous qui activaient en France sous couvert d’associations caritatives, et ce, au vu et au su des dirigeants français de l’époque. Pourquoi cette compromission à votre avis ?
Pour les mêmes raisons : mettre en difficulté le pouvoir politique algérien, créer une «opposition» factice qui puisse prendre le pouvoir et permettre aux sociétés transnationales à base capitalistique française de faire main basse sur les richesses de l’Algérie. Si vous vous intéressez au parcours des meneurs islamistes sunnites, vous vous apercevrez que nombre d’entre eux ont, d’une manière ou d’une autre, partie liée avec des services occidentaux ou des représentants de sociétés transnationales. Ils ordonnent les attentats depuis des capitales occidentales ou des dictatures du Golfe et aident les impérialistes à recoloniser leurs pays. Le chaos une fois installé, les pillards occidentaux se précipitent en bande pour s’emparer des richesses. «Qui était parmi les tout premiers Français à venir début mars à Benghazi encourager les insurgés libyens ? Un représentant de Total ! (…) Avec l’entrée des insurgés à Tripoli, l’action du groupe Total a bondi de plus de 4% dès le lundi», informera le quotidien L’Humanité dès le mois d’août 2011, au lendemain de neuf mois de guerre contre la Libye. Le patronat français ne cache même plus son goût immodéré pour la guerre et l’exploitation des peuples. Ainsi, début septembre 2011, l’AFP et Europe 1 s’interrogeaient de savoir si la Libye détruite allait devenir, je cite, «un eldorado pour des entreprises françaises». «Après s’être engagée militairement en Libye, la France attend un retour économique. Près de 400 chefs d’entreprises français ont participé mardi, au Medef, à une réunion d’information sur la Libye. But annoncé : mieux appréhender les perspectives d’investissement et participer à la reconstruction libyenne. Etaient présents à cette réunion, plusieurs directeurs des groupes du CAC 40, comme Alcatel, Alstom, Peugeot, Total, Bouygues ou Vinci, ainsi que des patrons des PME», précisa la radio Europe 1.
Sur la Syrie, «le Qatar s’acharne à s’offrir un couloir de passage terrestre pour exporter son gaz vers l’Europe. (…) Tel est le projet béni et voulu par les dirigeants américains (…), dont le Qatar a pris la décision de creuser le trajet de son gazoduc par la force des pires violences terroristes, dévastatrices et destructrices», dénoncera le mensuel Afrique Asie par un article de Fahd Andraos Saad paru fin juillet 2013. Ces prétendus islamistes font le «sale boulot» des missionnaires des anciennes puissances coloniales. Concernant l’Algérie, alors que le Front islamique du salut répand la terreur en Algérie au début des années quatre-vingt-dix, deux de ses meneurs, Anouar Haddam et Saïd Hilali, voyageaient en France sans aucune difficulté, rencontrant parlementaires et médias. Anouar Haddam présidera même le premier meeting organisé en Europe par l’association Fraternité algérienne en France (FAF) alors dirigée par Djaffar El-Houari et Moussa Kraouche, porte-parole du FIS en France. Cette manifestation se déroulera le 29 mars 1992 dans les locaux de la cité universitaire d’Antony, dans les Hauts-de-Seine, en région parisienne. Prenant la parole à cette réunion publique, Anouar Haddam appela à «renverser tous les régimes du Maghreb (…), le FIS s’est donné pour cible le pouvoir en place». Le ministre de l’Intérieur est alors le «socialiste» Philippe Marchand qui est autant «socialiste» que le pape est marxiste. Trois ans plus tard, le 30 janvier 1995, depuis les Etats-Unis qui l’hébergent, Anouar Haddam apporta médiatiquement son soutien à la lutte armée. Ce jour-là, à Alger, boulevard Amirouche, un attentat à la voiture piégée visant le commissariat central fera trente-huit morts et près de trois cents blessés. Comme vous le savez, cet attentat sera le premier d’une longue série avec des voitures piégées ciblant plusieurs quartiers d’Alger et qui feront des centaines de morts et de blessés.
Vous confirmez qu’il y a donc des relations fortes entre les dirigeants islamistes algériens et des services secrets occidentaux ?
Pour certains, on peut parler de relations épisodiques, mais pour d’autres, il s’agit de relations suivies, d’une véritable collusion. Un rapport de cent vingt pages édité en 1995 par la Rand Corporation – un centre de recherches officieux de la CIA – et rédigé par Graham E. Fuller donne une idée de ces relations des dirigeants islamistes avec des services occidentaux, principalement la CIA. Ce document insiste sur l’intérêt de promouvoir les mouvements islamistes dans les pays arabes. Mon confrère Richard Labévière, journaliste d’investigation indépendant et écrivain, a analysé ce rapport peu connu que je rapporte dans le tome 1 de 56 – L’Etat français complice de groupes criminels : «A travers l’exemple algérien, Fuller se prononce sur la ‘‘nature’’ de l’islamisme, ‘‘conflit de basse intensité’’ par excellence, dont la configuration correspond aux priorités du Pentagone. (…) Se félicitant de voir les islamistes algériens privilégier l’apprentissage de la langue anglaise par opposition au français, Fuller insiste principalement sur les enjeux économiques, indiquant notamment que ‘‘le FIS accueillerait avec plaisir tout investissement privé américain en Algérie et entreprendrait des relations commerciales avec les Etats-Unis. (…) Selon plusieurs notes d’orientation, la CIA considère que le FIS et le Refah turc ne sont pas hostiles à un engagement accru de l’Otan en Méditerranée (…).» L’essentiel des perspectives ouvertes par ce rapport sont le fruit de rencontres et discussions que Fuller et d’autres membres de la CIA ont régulièrement mené avec Anouar Haddam, président de la délégation parlementaire du FIS à l’étranger, exilé aux Etats-Unis depuis 1992. Par l’intermédiaire de ce représentant d’une des grandes familles de l’Ouest algérien, plusieurs contrats importants ont été signés entre des financiers algériens et des firmes américaines, notamment dans le secteur de l’agroalimentaire. C’est dire qu’il y a du nettoyage à faire dans les allées du pouvoir et du patronat algériens !
Dans son ouvrage titré Les dollars de la terreur, les Etats-Unis et les islamistes, Richard Labévière rapporte qu’à la même époque où le réfugié Haddam rencontre régulièrement ses interlocuteurs de la CIA, celui-ci assurerait également des liaisons avec des groupes terroristes. Ainsi, dit-il, «Anouar Haddam connaît aussi l’aile ‘‘internationaliste’’ du FIS qui, avec l’aide des vétérans algériens de la ‘‘guerre sainte’’ d’Afghanistan, lanceront les premières attaques revendiquées par les Groupes islamiques armés (GIA) à l’automne 1994. Selon plusieurs sources autorisées, Anouar Haddam assure la liaison entre le FIS et le GIA, et c’est par son intermédiaire que ces derniers auraient reçu les consignes d’épargner l’infrastructure énergétique et la main-d’œuvre américaine opérant en Algérie». Les collaborations sont telles entre les dirigeants islamistes algériens et les services occidentaux que l’on peut se demander si Anouar Haddam est le représentant de groupes terroristes auprès de la CIA ou l’envoyé de la CIA auprès des mêmes groupes. Issu d’une famille de notables – son oncle, Tidjini Haddam, fut recteur de la mosquée de Paris –, formé dans les universités étasuniennes, Haddam est très proche d’Ali Belhadj, le cofondateur du FIS – avec Abassi Madani – et l’un des propagandistes de la lutte armée. Il fut aussi le porte-parole du GIA qui a plongé l’Algérie dans un bain de sang. Washington lui attribua un quasi-statut diplomatique qui, selon un haut fonctionnaire, lui permit de «camper littéralement au Département d’Etat et dans les bureaux des membres du Congrès». Ce n’est bien sûr qu’un exemple parmi de nombreux autres qui illustre les liens de sang entre les islamistes sunnites et les milieux impérialistes.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi (A suivre)
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