L’Union européenne prépare une nouvelle forfaiture en faveur de Rabat
Par Sadek Sahraoui – La Commission européenne persiste dans sa volonté d’arranger le Maroc en foulant au pied l’arrêt de la Cour européenne de justice qui a statué explicitement en décembre 2016 que le territoire du Sahara Occidental «est distinct et séparé» du territoire du royaume du Maroc. Comment ? A travers l’ajout du terme «juridiction» à l’article 144 de l’accord aérien entre Rabat et Bruxelles qui sera soumis au vote demain au Parlement européen, la partie européenne escamote la réalité de cet arrêt pour inclure artificiellement le Sahara Occidental. Or, la Cour européenne ne reconnaît pas au Maroc le statut de puissance administrante, même pas de fait, et donc ce territoire ne peut pas être sous sa juridiction !
Ce n’est pas la première fois que des lobbies pro-marocains à Bruxelles, gracieusement payés par le Makhzen, essayent de contourner l’arrêt de la Cour européenne de justice. Et à chaque fois, ces tentatives, très souvent téléguidées par des milieux politiques français, ont été contrées par le Front Polisario avec l’aide de ses alliés européens. La dernière filouterie avec laquelle l’UE s’est distinguée remonte à mai dernier. Dans une lettre adressée aux dirigeants de l’Union européenne (UE) et signée par son Secrétaire général, Brahim Ghali, le Front Polisario avait ainsi condamné fermement une proposition inique de la Commission européenne qui avait consisté à demander aux Etats membres de l’UE un mandat pour réexaminer l’accord de libéralisation avec le Maroc afin d’inclure des produits provenant des territoires occupés du Sahara Occidental. C’est l’observatoire des ressources naturelles au Sahara Occidental (WSRW) qui avait révélé l’ignominie soufflée par un élu français.
Le Front Polisario avait considéré la proposition de l’Exécutif européen, non seulement comme une preuve que la Commission a «renoncé à ses obligations pour la mise en œuvre de bonne foi de la décision de la cour de l’UE», mais «elle encourage également le Conseil de l’UE à approuver une proposition qui contredit la politique de longue date de l’union sur le Sahara Occidental». Pour le Front Polisario, la demande de la commission aux Etats membres de l’UE, le mandat de réexaminer cet accord commercial controversé avec le Maroc afin d’inclure les produits provenant du territoire occupé du Sahara Occidental, «encourage aussi le Maroc à poursuivre l’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara Occidental». «Cela sapera les efforts des Nations unies pour la relance des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit, selon la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU», a-t-il prévenu dans sa lettre.
Le Front Polisario avait également mis l’accent dans sa lettre sur l’arrêt de la Cour de justice de l’UE rendu le 21 décembre dernier, dans lequel la cour a affirmé clairement que le Maroc n’a pas de souveraineté sur le Sahara Occidental. «La cour a donc décidé que, selon le principe de l’autodétermination, l’UE et le royaume du Maroc ne peuvent inclure, soit de jure, soit de facto, le Sahara Occidental dans leurs relations commerciales sans l’accord préalable du peuple sahraoui», a-t-il souligné. Compte tenu du statut distinct et séparé du Sahara Occidental en vertu du droit international, telle que souligné par la CJUE dans son jugement, le Maroc ne peut donc pas conclure des accords internationaux applicables au territoire sahraoui, qu’il occupe illégalement, a rappelé le Front Polisario aux dirigeants européens.
Par conséquent, a-t-il poursuivi, le Maroc n’est pas habilité à s’exprimer au nom du peuple d’un territoire situé en dehors de ses frontières internationalement reconnues. Au vu de la énième manœuvre qui se prépare à Bruxelles, il apparaît clairement que l’Union européenne a perdu ses valeurs et n’est donc plus digne de confiance.
S. S.
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