Une solidarité intermaghrébine se construit autour du soutien aux militants du Hirak du Rif
Par Houari Achouri – Des dizaines d’organisations maghrébines et françaises ont saisi l’occasion de l’ouverture, le 17 octobre à Casablanca, du procès de 21 militants du Hirak du Rif pour signer un texte dénonçant les atteintes aux droits de l’Homme au Maroc. La façon dont sont traités les droits de l’Homme par le royaume chérifien a encore une fois été révélée par le véritable «état de siège non déclaré» de la ville de Hoceïma, qui a empêché «une délégation maghrébine à l’initiative du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme (CRLDHT), du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), de l’Association Yaqadha (Vigilance pour la démocratie et l’état civil), accompagnée par une délégation d’avocats tunisiens et par le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), de témoigner du soutien de la société civile tunisienne aux familles des prisonniers et des acteurs et actrices de la société civile sur place».
Les associations, signataires du texte, parmi lesquelles de nombreuses organisations algériennes, font savoir à l’opinion publique maghrébine et internationale que «les autorités (marocaines) cherchent à décourager les observateurs nationaux et internationaux, à isoler la population du Rif et à cacher la réalité de répression qui s’abat sur elle». Elles estiment qu’au Maroc «le tout sécuritaire est devenu la réponse» pour empêcher toute liberté de circulation et, en particulier, celle des militants de solidarité. Elles tiennent à souligner que «ces initiatives de solidarité s’inscrivent dans la longue histoire des solidarités intermaghrébines, histoire qui fait partie de notre lutte commune pour la construction d’un grand Maghreb solidaire et démocratique».
Les médias étrangers qui ont pu couvrir l’audience du 17 octobre, audience dans le procès des militants du mouvement Hirak, ont rapporté l’état d’affaiblissement extrême des détenus en grève de la faim pour exiger leur libération et pour protester contre leurs conditions d’incarcération et particulièrement les mauvais traitements que leur inflige le directeur de prison de Oukacha sous les ordres de la Direction générale des prisons au Maroc ainsi que l’isolement individuel dont est victime Nasser Zefzafi.
Le mouvement de contestation sociale qui a surgi en octobre 2016 à Al-Hoceïma, dans la région du Rif, au nord du Maroc, provoqué par la mort d’un vendeur de poisson, a entraîné l’interpellation de plus de 300 personnes dont plus de 200 sont toujours en prison. Les détenus sont accusés d’avoir porté atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, de conspiration contre la sécurité intérieure de tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage. La liberté provisoire leur a été refusée.
Les rapports des ONG de défense des droits de l’Homme comme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International ont dénoncé à plusieurs reprises les violences policières contre les détenus et les jugements des tribunaux sur la base d’aveux extorqués sous la torture. Elles ont appelé à une enquête sur les accusations de torture portées par les manifestants du Hirak du Rif contre la police marocaine. Les rapports des médecins, quant à eux, ont établi que «plusieurs détenus ont été contraints à signer leurs procès-verbaux d’interrogatoire sans les lire». Les médecins marocains ont exigé qu’une enquête soit ouverte sur les actes d’un policier tortionnaire que les détenus ont identifié et dénoncé nommément.
H. A.
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