Argent caché «ailleurs» : un secret de Polichinelle transformé en «révélation»
Par M. Aït-Amara – Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) vient de «faire exploser» une nouvelle «bombe» sur ces fameux comptes bancaires offshore ouverts loin des regards dans des paradis fiscaux. Les noms fuitent au compte-gouttes et l’opinion internationale est tenue en haleine à travers un certain nombre de médias qui se sont constitués en «consortium» – comment se sont-ils choisis les uns les autres ? – dont la mission n’est pas d’enquêter, mais de diffuser des informations clés-en-main.
De nouveaux noms sont donc jetés en pâture exclusivement, non qu’ils soient innocents, mais parce qu’ils ne sont assurément pas les seuls – et ils sont loin de l’être – à mettre leur fortune à l’abri du fisc. Ils sont de toutes les nationalités et occupent des fonctions diverses, allant de l’homme d’affaires dans un Etat lilliputien au chef d’Etat de la première puissance mondiale.
Cycliquement, de nouvelles «révélations» sont faites simultanément à travers un certain nombre de médias sur les cinq continents. Aucun pays n’est épargné. Mais on ne nous dit pas qui tire les ficelles et pourquoi des noms apparaissent alors que d’autres sont occultés. On ne nous explique pas pourquoi, étrangement, le président des Etats-Unis, Donald Trump, fait partie des fraudeurs voués aux gémonies alors que tout le monde sait qu’il est l’objet d’une campagne médiatique enragée depuis qu’il a déclaré la guerre aux médias dominants de son pays, qu’il a accusés de mensonges et de manipulations en tout genre. Il en va de même pour Vladimir Poutine dont la politique anti-Otan gêne les intérêts occidentaux et entrave leurs projets machiavéliques au Moyen-Orient.
Il est difficile de croire que la retransmission systématique des informations contenues dans les Panama Papers et les Paradise Papers ait pour seul objectif de dénoncer la forfaiture des fortunés malveillants dont la morale est ainsi mise en cause. A travers le contexte choisi pour chaque lâcher de resquilleurs à abattre transparaît une manipulation dont le but est invariablement de détourner l’attention de millions, voire de milliards d’individus dubitatifs qui se focaliseront ainsi sur une poignée de véreux placés sur le bûcher, tandis que d’autres sont maintenus au secret on ne sait ni pourquoi ni jusqu’à quand.
Oui, le pillage fiscal des multinationales et les deals secrets de facilitateurs d’affaires existent ; oui, les pays servant d’escale aux capitaux existent ; oui, des hommes politiques, des riches de ce monde et des compagnies multinationales s’ingénient à payer moins d’impôts ; oui, des milliards de dollars échappent au fisc dans tous les pays du monde, y compris en Algérie. Mais la liste des fripons ne sera jamais complète car la divulgation même de ce catalogue, toujours escamoté et jamais exhaustif, est une autre forme de dissimulation tout aussi répréhensible.
M. A.-A.
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