Maires ou «mairionnettes» ?
Par Ahcène Moussi – 2017 est vraiment l’année des dérapages et des surenchères électorales dans notre pays. Le paradoxe est que plus l’Algérie s’enfonce dans les profondeurs insondables du néant, plus le mystère et le vertige s’installent dans l’esprit et dans la tête des citoyens et plus nos candidats aux élections nous promettent de meilleurs lendemains.
Etonnant comment majoritairement les partis de l’opposition rebondissent pour tenter de nouveau leur chance dans ce grand «jeu de hasard» ! Nous les croyons pourtant morts, du moins impossible de se relever, après avoir essuyé une cinglante défaite lors des élections législatives passées. Pis encore, aucun parti politique n’a osé faire son mea-culpa ni n’a quitté le champs politique pour se réformer, se restructurer et revenir plus fort que jamais, ou encore usé du courage politique pour s’approcher de deux ou trois autres partis, dont les programmes sont plus ou moins proches du sien afin de construire ou de nouer des alliances.
Nous nous posons alors certaines questions dont celle de savoir si ces partis politiques, au moins une quarantaine sur les cinquante ou un peu plus qui activent, ne sont pas en manque de morale et d’éthique, ou encore transportés par cette grosse vague du déclin de certaines valeurs de notre société, à l’image de beaucoup de secteurs d’activité du pays ou de cette médiocrité du discours politique.
Ce que ces partis ignorent malheureusement, c’est que la politique n’est pas le rêve d’une seule nuit ; c’est un combat continu et de longue haleine. Ceux qui trichent pour monter vite et arriver les premiers sont, sans nul doute, malhonnêtes et manquent de personnalité, en plus de confondre entre vitesse et précipitation. C’est ce qui cause souvent leur disparition avant même d’avoir effectué le quart de l’épreuve.
Dans ce cadre précis, plus de 180 000 noms, représentant une soixantaine d’organismes, entre partis politiques, alliances et groupes d’indépendants, seront mis à rude épreuve pour se disputer les 48 sièges APW et un peu plus de 1 540 sièges APC à travers le pays. Voilà donc ce que nos dignitaires nous proposent en guise de changement : de nouvelles têtes avec la même politique et des moyens amoindris.
Nous nous posons la question de savoir comment ces «élus» du peuple agiront, alors qu’ils seront placés sous la responsabilité des fonctionnaires désignés par le pouvoir… A moins d’être la «mairionnette», qu’attendre d’un maire qui n’a pas de délégation de pouvoir pour toute la durée de son mandat ?
Aura-t-il la possibilité de prendre lui-même les grandes décisions, comme la passation des marchés publics, les achats d’immeubles et de terrains, les souscription d’emprunts, les actions de justice au nom de la commune, l’octroi de subvention, etc. Pourtant, c’est pour régler cette somme de choses diverses et diversifiées qu’il a été élu. Un maire honnête, dynamique et animé d’une grande volonté à développer sa municipalité et à servir ses citoyens, s’il n’a pas le pouvoir de décision et un budget à la mesure de ses ambitions, ne réglera absolument rien : «Un gros lion dont les pieds sont fortement ligotés deviendra un simple chat.»
Le 24 novembre 2017 à 8 heures du matin, le pays tout entier sera donc confié à ces nouveaux notables qui jurent, comme à chaque élection, de demeurer au service du peuple. La campagne électorale étant lancée sur l’ensemble du territoire national. Il est vrai qu’elle est caractérisée par le manque d’intérêt exprimé par la population. Elle ne semble pas tourner autour des enjeux du développement social de la commune, et encore moins proposer des solutions aux nombreuses préoccupations des citoyens. Par contre, selon certains citoyens, la force d’un parti politique, lors de cette campagne, se mesure à la longueur du cortège et de la luxiosité des voitures qui le composent et des pourboires distribués aux jeunes participants.
C’est pour toutes ces raisons que le citoyen lambda a pris la décision de ne plus faire confiance à personne, encore moins aux politiciens et à leur politique. Les jeunes n’en peuvent plus et ne croient plus aux promesses des candidats. Ils rêvent juste de partir ; partir loin, dans un autre pays, préférant affronter l’inconnu que de cautionner la connerie.
Il est temps que tout cela change, notre pays mérite mieux.
A. M.
Economiste et président de la Mouvance migratoire Ô Canada
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