La romancière algérienne Kaouther Adimi lauréate du Renaudot des lycéens
La jeune romancière algérienne Kaouther Adimi a reçu, mardi, le prix Renaudot des lycéens pour Nos richesses (Seuil), a-t-on appris auprès de son éditeur.
Livre empreint de mélancolie, Nos richesses retrace la vie du libraire algérois Edmond Charlot qui fut le premier éditeur d’Albert Camus dans les années 1930.
Le Renaudot des lycéens, organisé par l’association des Amis de Théophraste Renaudot de Loudun (Vienne), est choisi par des lycéens issus de 14 lycées des académies de Poitiers, Limoges et Nantes. Troisième roman de l’écrivaine âgée de 31 ans, Nos richesses, qui était en lice pour le Médicis, est aussi un grand roman sur la ville d’Alger, ville accablée par le chômage, la pauvreté et le souvenir des années noires du terrorisme islamique.
Dès les premières pages de son roman, Kaouther Adimi fait visiter sa ville. Elle nous entraîne jusqu’à la rue Hamani, «l’ex-rue Charras», où au n° 2 bis on peut lire cette inscription : «Un homme qui lit en vaut deux.» C’était ici que se tenait la librairie d’ «Edmond Charlot, qui, en 1936, âgé de 21 ans, ouvrit la librairie de prêt “Les vraies richesses”» (le titre d’un texte de Jean Giono).
Kaouther Adimi mêle deux histoires, celle de la librairie et d’un jeune Algérien de 20 ans prénommé Ryad, étudiant à Paris, revenu à Alger pour occuper un petit boulot : repeindre la devanture du 2 bis rue Charras et la vider des derniers livres qui y restent. Un nouveau propriétaire veut transformer l’ancienne librairie en magasin de beignets.
La jeune romancière alterne les scènes entre le Alger d’aujourd’hui et cet Alger disparu des années 1930. On croise Albert Camus, Henri Bosco, Max-Pol Fouchet, Emmanuel Roblès ou encore Kateb Yacine. Kaouther Adimi publie des extraits (fictifs) du journal de Charlot qui a définitivement quitté l’Algérie en 1962 avant de mourir à Pézenas en 2004.
Le livre s’achève sur une page déchirante de Jules Roy, ami d’Edmond Charlot, extraite de ses Mémoires barbares. «Nous fûmes son rêve», écrit le romancier en parlant de son ami. «A la bourrasque, il tint tête tant qu’il put. Je ne l’entendis jamais protester contre l’injustice ni maudire l’infortune qui l’accablait. Par moments, il m’arrive de me demander si nous avons été assez dignes de lui.»
L’an dernier, le prix avait été attribué à Lenka Hornakova-Civade pour Giboulées de soleil (Alma).
R. C.
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