Le faux vote contre tamazight ou comment des médias ont été manipulés
Par R. Mahmoudi – De nombreux internautes, et même des organes de presse écrite et électronique, ont repris ces derniers jours, sans la vérifier, une information selon laquelle les députés auraient voté contre une proposition de loi sur la promotion et la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe. Cette information a très vite enflammé les réseaux sociaux et suscité des réactions aussi vives que dangereuses, dont celles appelant à rééditer la grève du cartable de 1994, en boycottant l’enseignement de la langue arabe en Kabylie. Quelques petits rassemblements de contestation ont même été organisés dans certaines villes de Kabylie, selon nos informations. Cette polémique tombe à point pour les séparatistes du MAK qui tentent de s’en emparer pour rebondir sur la scène locale.
Toute cette histoire a commencé par la publication sur les réseaux sociaux d’une illustration montrant la réponse, défavorable, de la Commission des amendements constitutionnels au niveau de l’APN à une proposition présentée, au nom d’un groupe lors des débats sur la révision constitutionnelle de février 2016, par la députée du Parti des travailleurs (PT), Nadia Chouitem, réclamant essentiellement la possibilité de généraliser l’enseignement de la langue amazighe à travers tout le territoire national. La Commission justifie son refus par l’existence d’institutions étatiques en charge de la promotion de cette langue. Il n’y a eu, donc, ni vote de députés ni élargissement de débat sur cette question. D’ailleurs, c’est connu, toutes les propositions de loi, quelles qu’elles soient, émanant de groupes parlementaires de l’opposition sont systématiquement rejetées.
Selon des sources proches de la députée PT, celle-ci confirme l’existence de cette proposition suivie de la réponse de la Commission parlementaire, les deux datant de février 2016. Ceux qui ont mis en ligne ce petit bout de papier, certainement de fins manipulateurs, l’ont fait en pleins débats sur la loi de finances 2018 à l’APN pour faire croire que ladite proposition a été rejetée au même moment par les députés de la majorité que nous avons vu lever la main pour approuver le texte. L’ambiance postélectorale quelque peu fébrile qui règne en Kabylie fera le reste.
R. M.
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