La France rend hommage aux harkis la veille de la visite de Macron à Alger
Par R. Mahmoudi – Pour couper court à toutes les supputations autour des intentions que le président français, Emmanuel Macron, aura à exprimer lors de sa visite ce mercredi en Algérie, le gouvernement français a rendu hommage, ce mardi, aux «morts pour la France» et autres «victimes civiles» en Algérie, au Maroc et en Tunisie entre 1952 et 1962, rapporte l’agence française AFP.
Lors de cette commémoration devant le Mémorial national de la Guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, célébrée chaque 5 décembre depuis 2003, la Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, a déclaré : «Aujourd’hui, la nation tout entière se souvient des 25 000 combattants morts pour la France en Afrique du Nord. La France se souvient également avec émotion des victimes civiles tuées au cours de ces années, des disparus, des drames personnels et des tragédies familiales.»
A l’origine de l’institution de cette journée du 5 décembre, des associations de rapatriés et d’anciens combattants avaient plaidé pour faire reconnaître que les «combats» ne s’étaient pas arrêtés le 19 mars 1962, mais se sont poursuivis jusqu’en novembre 1962. Elles prétendent que des milliers de harkis et de notables musulmans pro-français ont été tués lors de cette période.
Pour les partisans du 5 décembre, dont les associations de harkis et de rapatriés, cette date est donc «plus consensuelle», dans un sens où elle permet de «se souvenir de l’ensemble des exactions qui ont eu lieu en Algérie, avant et après les accords d’Evian».
Non seulement cette commémoration va à contre-sens des revendications algériennes pour une normalisation des relations entre l’Algérie et la France, mais annihile tous les efforts et toutes les démarches de réconciliation esquissés par l’actuel Président français lui-même. Ce dernier était allé, lors de son premier voyage à Alger, jusqu’à qualifier la colonisation de «crime contre l’humanité», laissant ainsi espérer d’autres actions allant dans le même sens.
Intervenant dans la même journée, l’ancien ministre de l’Intérieur sous Sarkozy, Brice Hortefeux, a essayé d’apporter sa pierre à cette entreprise de sape, en glorifiant «les aspects positifs de la colonisation». «Nous avons dit ce qu’il fallait dire sur la colonisation. Le temps de la repentance est fini», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Public Sénat.
Message clair aux Algériens qui espéreraient toujours entendre Emmanuel Macron leur faire part des «excuses» de la France.
R. M.
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