Contribution – La «bombe algérienne» ou la volonté sournoise de l’empire
Par Youcef Benzatat – La «bombe algérienne» que décrivent les nostalgiques d’une Algérie colonisée, d’un peuple «rampant comme des chiens», de richesses accaparées sous la bonne garde des baïonnettes, ces nostalgiques d’une Algérie et de tout un continent en sommeil, livré à la rapine et aux multiples visages du génocide, ne reflète pas moins leur désir de voir l’Algérie livrée à cette condition extrême de délitement qui rendra possible son explosion et sa destruction et, par conséquence, sa recolonisation.
Ce désir récurrent dans les médias de l’empire – et particulièrement français – n’est, en fait, que la traduction d’une névrose qui résulte de la frustration engendrée par l’irruption dans l’ancien empire colonial d’une Algérie déterminée à changer les rapports entre le Nord et le Sud et qui se poursuit aujourd’hui par sa persévérance dans son insoumission aux visées hégémoniques du nouvel ordre de l’empire qui s’attèle à dominer le monde en voulant le façonner à sa guise ; «ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous», «ne pas être Charlie, c’est aussi être contre nous» et, surtout, être antisioniste, c’est explicitement «être antisémite».
Leur frustration est telle que la diabolisation de l’Algérie prend chez ces médias des tournures à la limite du grossier et de l’obscène, par le soutien et l’encouragement des idéologies extrémistes. Hier, l’islamisme et leur formule sournoise du «qui tue qui» et, aujourd’hui, le berbérisme qui instrumentalise une revendication nationale de la dimension amazighe de l’identité en la pervertissant en une idéologie raciste, qui est détournée vers la revendication de la pureté ethnique et la citoyenneté de souche, qui est pourtant combattue sur leur propre sol, en l’occurrence celle du Front national dont la similitude est sans appel.
Au-delà des médias, ce sont même des institutions de l’Etat qui se prêtent comme caisses de résonance à l’écho de ces voix de l’imposture pour semer la confusion et consolider les fractures occasionnées par ces idéologies réactionnaires contre la société algérienne et contre l’unité de son peuple.
Leur mauvaise foi se mesure à l’autisme qui les caractérise devant l’alternative portée par de multiples voix militantes, individuelles ou dans le cadre d’associations politiques pour faire face à la crise conjoncturelle multidimensionnelle qui frappe l’Algérie depuis son accès à l’indépendance. Leur autisme se mesure également par leur traitement négatif de la résignation active du peuple algérien face aux bouleversements géopolitiques qui sont en train de façonner l’environnement immédiat de l’Algérie au profit de l’empire.
En guise de conclusion, si bombe il y a, c’est bien celle d’un empire décadent, en plein délitement, où les droits humains sont travestis par l’intérêt économique et géostratégique et où le droit international n’est plus en mesure de dissuader une agression délibérée contre un Etat souverain (la Libye) et l’assassinat de son chef politique, pour y semer le chaos et la destruction pour le pillage de ses richesses. Le véritable délitement qui menace la paix dans le monde est bien celui de l’empire duquel s’expriment ces médias de l’imposture, ces soldats de l’apocalypse, autistes encore une fois à la montée fulgurante dans leur propre champ politique des idéologies d’extrême-droite, réactionnaires et racistes, ou bien l’élection à la présidence de la République d’un courtier de la finance de l’empire, ou alors l’élection d’un fou à la tête du bras armé de cet empire pour laisser le champ libre aux lobbys agressifs de sévir.
Y. B.
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