Rabat cherche à acquérir des Awacs
Par Sadek Sahraoui – Selon la revue Defensa, proche des renseignements militaires espagnols, Madrid appréhende l’éventualité que le Maroc puisse se doter à court terme d’avions américains équipés de systèmes de surveillance et d’espionnage israéliens. L’article paru dans la revue espagnole spécialisée dans les questions de défense indique que le Maroc pourrait disposer de quatre avions de renseignement adaptés aux tâches de surveillance électronique, grâce à un accord entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite. L’article rappelle à ce propos que «l’Arabie Saoudite est l’un des plus grands financiers de l’industrie militaire et des programmes d‘armement du Maroc».
Les avions que le Maroc est sur le point d’acquérir «sont censés être une nouvelle version du Boeing E-3 Sentry («Sentinelle»), communément dénommé Awacs. Le système de détection et de commandement aéroporté (SDCA) (en anglais : Awacs pour Airborne Warning and Control System) est un système de stations radar montées sur des avions de guet ou des hélicoptères qui peuvent surveiller un vaste espace aérien et servir de postes de commandement pour les opérations aériennes ou de lutte anti-aérienne. Très sophistiqué, il est capable de brouiller les radars et les plaquettes de missiles à longue portée, ainsi que les avions de combat F16 et F34 qui l’accompagnent, fournissant des informations précises sur les cibles.
Madrid, qui voit d’un mauvais œil la boulimie de son voisin du sud en matière d’achat d’armes, avait exprimé ses inquiétudes lors du lancement, en novembre dernier, par Rabat d’un satellite espion. Dans la nuit du 7 au 8 novembre, le royaume a, en effet, lancé son premier satellite d’observation, le Mohammed-VI A, doté d’une très haute définition et capable de fournir en moins de vingt-quatre heures des clichés d’une résolution allant jusqu’à 70 cm depuis n’importe quel point du globe. Avec cet outil de surveillance, le Maroc devient ainsi le premier pays africain à détenir un engin spatial aussi performant. De plus, il est doté d’applications militaires. Le satellite a été lancé par une fusée Vega du français Arianespace depuis la base de Kourou, en Guyane.
Trois jours plus tôt, des responsables militaires espagnols avaient exprimé des inquiétudes dans le quotidien El-Pais, craignant que «l’avantage technologique [de l’Espagne], sur lequel repose la dissuasion, ne s’amoindrisse». «Le Maroc est un pays ami (…) mais on n’aimerait voir personne, encore moins un ami, venir fouiner dans nos affaires», a mis en garde un stratège militaire dans l’édition du 23 octobre.
Selon lui, les contentieux au sujet des territoires de souveraineté espagnole contestés par Rabat – les enclaves de Ceuta et Melilla mais aussi les cinq îlots au large de la côte marocaine, source de conflits entre les deux nations depuis plusieurs siècles – ainsi que la délimitation des eaux territoriales justifient qu’il ne faut pas «baisser la garde».
S. S.
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