Joe Biden : «Les Européens sont aussi les valets des Etats-Unis»
Par Sadek Sahraoui – L’ancien vice-président américain Joe Biden explique, dans une vidéo qui fait actuellement le buzz sur la Toile, comment les Etats-Unis ont fait pression sur certains pays européens pour les obliger à soutenir les sanctions américaines contre la Russie. L’Allemagne, la France et l’Italie figurent parmi ces pays.
Intervenant cette semaine au Council on Foreign Relations (CFR), un think-tank américain, Joe Biden a précisé pourquoi les gouvernements de ces pays avaient tout de même dû consentir à ces mesures bien qu’ils y étaient au départ opposés. «Nous avons passé tellement de temps au téléphone pour nous assurer que personne, à l’époque, de (François) Hollande à (Matteo) Renzi, ne laisse tomber. Ils ne voulaient aucune forme de sanction contre la Russie. Cela avait des répercussions sur eux. En gros, je leur ai dit : « Vous devez le faire ! »», a affirmé l’ancien vice-président américain (2009-2017). Et d’ajouter qu’heureusement, Angela «Merkel était assez forte à l’époque pour nous soutenir, à contrecœur, elle n’aimait pas cela non plus».
Cette vidéo prouve une nouvelle fois qu’il y a aussi un rapport de dominant à dominé entre Washington et l’Europe de l’Ouest. Comme beaucoup d’autres, les Européens sont les valets des Etats-Unis.
Le train de sanctions du département du Trésor des Etats-Unis avait ciblé plusieurs sociétés russes du secteur énergétique. En cela, des Etats européens – dont l’Allemagne, la France et l’Italie – se sentaient eux aussi ciblés par les sanctions antirusses, qui allaient à l’encontre du droit international, «revêtant un caractère extraterritorial», avait dénoncé Berlin en 2017.
Alors que la situation en Ukraine et en Crimée constitue la raison officielle de l’imposition de toujours plus de mesures à l’encontre de la Russie, l’ex-vice-Président est revenu sur la situation en Ukraine à l’époque et surtout sur le problème de la corruption. Là, il s’est rendu à Kiev pour la douzième ou la treizième fois pour annoncer la garantie d’un autre prêt d’un milliard de dollars : «Et j’avais obtenu l’engagement de Porochenko et de Iatseniouk qu’ils prendraient des mesures contre le procureur général. Et ils ne l’avaient pas fait. Ils ont dit qu’ils l’avaient fait.» A l’idée qu’elles n’allaient pas recevoir le prêt, les autorités ukrainiennes ne se sont pas réjouies. Finalement, face au dernier avertissement de Joe Biden, elles ont limogé le procureur général, mettant à sa place «quelqu’un de solide à l’époque».
A signaler que plusieurs hauts responsables européens ont lancé des appels à revoir les sanctions antirusses afin de réduire l’effet néfaste sur les économies de leur pays. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a affirmé en août dernier que l’Union européenne devrait protéger ses intérêts si les Etats-Unis ne les prennent pas en compte dans le processus de renforcement des sanctions contre la Russie.
S. S.
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