La Tunisie en danger : les wahhabites font main basse sur les mosquées
Par R. Mahmoudi – Profitant de la situation difficile que traverse la Tunisie au plan économique, les monarchies du Golfe accentuent leur immixtion dans ce pays, alternant provocations, manipulations et aides financières. Ainsi, après le conflit provoqué par la décision prise, en décembre dernier, par la compagnie aérienne émiratie d’empêcher à des Tunisiennes de prendre le vol vers les Emirats arabes unis, l’Arabie Saoudite tente une méthode plus classique pour soudoyer un régime souvent décrit comme un «suppôt» du Qatar et lié aux Frères musulman.
Cette méthode consiste à proposer ses aides aux autorités tunisiennes dans divers domaines. En recevant ce samedi une délégation officielle saoudienne conduite par l’imam de la Grande Mosquée de La Mecque et conseiller au cabinet royal, Salah Ben Abdallah Ben Hamid, le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a salué l’aide apportée par la monarchie saoudienne pour entretenir ou restaurer de nombreuses mosquées en Tunisie, ainsi que pour construire des hôpitaux, en rappelant également les prêts «aux taux bonifiés» qui ont été accordés à son pays par Riyad dans le cadre de l’aide au développement et à l’investissement en Tunisie.
Cette incursion saoudienne en Tunisie, menée par un haut responsable de l’autorité religieuse, connu aussi pour être un des plus grands idéologues du régime wahhabite, ne peut que s’inscrire en droite ligne de ce redéploiement tous azimuts et multiforme engagé par les Al-Saoud depuis l’intronisation du fils de l’actuel roi comme héritier du trône qui, sous couvert de réformes, multiplie les purges en interne et lance, avec le soutien des Etats-Unis notamment, de véritable guerres de conquête dans la région.
Après avoir fait main basse sur l’Egypte et mis sous leur coupe la Ligue arabe, les Al-Saoud tentent de chasser tous les alliés du Qatar, ou supposés comme tels, en Libye, et depuis peu en Tunisie, où le mouvement Ennahda de Rached Ghennouchi, affilié aux Frères musulmans, est suspecté d’exercer une forte influence sur le pouvoir de Béji Caid Essebsi. D’où cet intérêt pour avoir la mainmise sur les mosquées et l’espace religieux en général.
R. M.
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