Ould Salek menace : «Soit le Maroc obéit, soit c’est l’intervention militaire»
Mohamed El-Ghazi – Tel est pris qui croyait prendre ! Visiblement, le Maroc, qui a usé de tous les subterfuges pour adhérer à l’Union africaine afin de sortir de l’isolement dans lequel il se trouvait au niveau du continent et, par la même occasion, en exclure la République arabe sahraouie (qui est membre fondateur de l’organisation panafricaine) ou du moins compromettre l’unité de l’UA, vient d’être sommé par cette dernière «à s’engager, sans condition préalable, dans des pourparlers directs et sérieux» avec la RASD pour la tenue d’un référendum libre et juste pour l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental.
«C’est une décision historique», a annoncé le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Ould Salek, dans une conférence de presse organisée aujourd’hui au siège de l’ambassade de la RASD devant un parterre de journalistes. D’emblée, M. Ould Salek a déclaré que la RASD «est prête pour les négociations avec le Maroc pour mettre fin à la colonisation du peuple sahraoui».
Le Maroc s’est piégé lui-même en adhérant à l’UA, laquelle ne peut faire fi de ses principes anticoloniaux. Et selon M. Ould Salek, le Maroc n’a pas d’autre choix que d’«obéir» à l’UA. Cette dernière s’est réunie lundi passé, dans le cadre de la 30e session de la Conférence de l’Union africaine, lors de laquelle les chefs d’Etat et de gouvernement ont exprimé leur soutien à la relance du processus de négociation entre les deux pays voisins. Dans le cas où le Maroc refuserait de s’y plier, M. Ould Salek a affirmé que la RASD serait en droit de «demander une intervention militaire des pays membres de l’UA». «Si le Maroc refuse la décision de l’UA, la RASD a tous les droits de demander une intervention militaire pour libérer les territoires occupés, car l’un des principes de l’UA est de respecter les frontières de chaque membre», a-t-il menacé.
Selon le ministre sahraoui, l’UA, qui a appelé les deux membres concernés à «coopérer pleinement» avec son représentant et celui de l’ONU, est convaincue que la solution au conflit entre la RASD et le Maroc ne peut venir «hors de ces deux pays». Tout en appelant l’Etat français à «contribuer positivement au rétablissement de la paix», M. Ould Salek a affirmé qu’il est très clair, aujourd’hui plus qu’hier, que la France «bloque» l’indépendance du peuple sahraoui, et ce, depuis 26 ans. «Nous ne cesserons jamais de dire que c’est la France, le pays des droits de l’Homme et des libertés, qui bloque le processus d’autodétermination du peuple sahraoui».
Acculé par l’UA, le Maroc, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a tenté de s’opposer à la décision de l’organisation panafricaine, prétextant que la position du Maroc était soutenue par un certain nombre d’Etats membres. Cependant, le président du Rwanda, Paul Kagame, a rabroué le représentant de Mohammed IV, auquel il a répondu en ces termes : «Nous prenons acte de la réserve du Maroc sur cette décision, mais nous n’acceptons pas qu’il parle au nom des Etats membres qui sont seuls habilités à parler en leur propre nom.»
M. E.-G.
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