Double discours ?
Par Meriem Sassi – Le gouvernement tient-il un double discours sur la question des subventions ? La fin du système, qui devait être graduelle, selon différentes déclarations faites à Alger par le gouvernement, est devenue quasi-imminente à la faveur de déclarations du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui s’exprimait ce week-end dans le cadre du 3e Arab Fiscal Forum qui se tient à Dubaï sous l’égide du Fonds monétaire international (FMI).
Abderrahmane Raouya a, en effet, annoncé hier que le gouvernement a l’intention de mettre fin aux subventions d’essence en 2019 et aux subventions d’autres marchandises en 2020. Le ministre des Finances a ainsi donné un calendrier précis et rapproché, ce qu’il n’a jamais fait auparavant à Alger, ni aucun autre membre du gouvernement d’ailleurs.
Le ministre des Finances, qui a toujours soupesé le risque de grogne sociale dans ses déclarations publiques, a été enhardi, apparemment, par la présence des responsables du FMI qui encourage l’Algérie à couper net toute forme de subventions sociales pour préserver ses équilibres financiers. Le premier argentier du pays a-t-il minimisé le risque de médiatisation de sa déclaration et ses répercussions en Algérie ?
En effet, le même responsable, questionné à plusieurs reprises par la presse en marge des discussions sur la loi de finances de 2018 et à diverses autres occasions, n’a jamais fait de déclarations aussi tranchées.
Il a souvent argué de la complexité de la question et de la nécessité d’un ciblage des catégories les plus défavorisées afin de pouvoir mettre en place une aide directe qui permette en parallèle de supprimer les subventions tous azimuts qui grèvent le budget de l’Etat.
Pour sa part, le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, a assuré, il y a quelques jours, que l’examen du système actuel a déjà commencé, sans avancer de délais pour la levée des subventions.
«Je ne sais pas encore quelles sont les modalités pratiques. Nous avons avancé et nous commencerons par des doses homéopathiques en ciblant progressivement des catégories de produits. Nous avons déjà commencé avec la subvention des carburants, par exemple, et ça commence à apporter un petit équilibre», ajoutant que «l’essentiel est de connaître la cartographie des ménages pour moduler les subventions d’une catégorie à une autre, et d’un produit à l’autre. D’abord la cartographie, ensuite la mise en œuvre».
Des déclarations qui sont en totale contradiction avec l’assurance affichée par M. Raouya à Dubaï lors de la rencontre gérée par le FMI.
M. S.
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