G5 Sahel : 414 millions d’euros récoltés à la conférence des donateurs à Bruxelles
La conférence internationale de haut niveau sur le Sahel, qui s’est tenue vendredi au siège de la Commission européenne à Bruxelles, n’a permis de récolter que 414 millions d’euros de soutien financier à la force conjointe G5 Sahel destinée à lutter contre le terrorisme et le crime organisé, rapporte l’agence de presse officielle APS. Mais, pour la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ce soutien est déjà «impressionnant» et dépasse même les attentes de l’Union européenne (UE) qui a porté à 100 millions d’euros son financement au profit de cette force militaire commune constituée par le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et la Mauritanie. «Le soutien mobilisé est impressionnant. Le chiffre de 414 millions d’euros va au delà de nos attentes initiales», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du Niger et président en exercice du G5 Sahel, Mahamadou Issoufou, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat et le secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix.
L’UE a déjà fourni un montant initial de 50 millions d’euros pour la création de la force conjointe G5 Sahel qui vise à améliorer la sécurité dans la région et à lutter contre les groupes terroristes. Les autres Etats membres de l’UE ont promis 76 millions d’euros de contribution.
Le président en exercice du G5 Sahel a appelé, à l’occasion, à assurer un «financement pérenne» à la force conjointe, soulignant que son pays consacre déjà 15% de ses ressources budgétaires à la sécurité. «Les financements annoncés aujourd’hui ne couvrent, malheureusement, que la première année. Or, ne nous savons pas combien de temps notre combat va durer», a-t-il fait remarquer. Mahamadou Issoufou a précisé, à ce titre, que les besoins de la force G5 Sahel s’élèvent à 480 millions d’euros pour la première année et à 75 millions d’euros annuellement par la suite. Il a appelé, dans ce contexte, les partenaires de la force conjointe G5 Sahel, à soutenir au Conseil de sécurité de l’ONU, l’initiative des pays du groupe visant à «placer la force sous les dispositions du chapitre 7 de la Charte des Nations unies» qui précise les actions à mener «en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression». Le président en exercice du G5 Sahel a jugé, en outre, «primordial» d’«éteindre le chaudron libyen», estimant que «le chaos qui y règne actuellement est responsable de la détérioration de la situation dans le Sahel».
Le président du Niger a estimé, par ailleurs, que la communauté internationale ne peut rester «indifférente» à la situation au Sahel et «doit apporter» son aide aux pays de la région qui n’ont participé aucunement à la décision prise à l’ONU sur la Libye et qui a provoqué de graves problèmes sécuritaires dans la région.
Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat a souligné, quant à lui, la nécessité d’«éviter que le Sahel devienne un sanctuaire pour les terroristes», affirmant que «la menace est réelle» pour l’Europe.
Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix a réitéré le «soutien à 100%» de l’ONU à cette force conjointe, insistant sur l’importance que la force obtienne des résultats rapidement.
La force conjointe G5 Sahel sera composée de troupes du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad et opérera dans les cinq pays. Elle doit intensifier l’action sur la sécurité, notamment dans les zones frontalières des pays du Sahel confrontés à des menaces terroristes et sécuritaires. Le G5 Sahel disposera de forces permanentes déployées le long des frontières qui doivent être capables de fonctionner ensemble sous une structure de commandement et de communication centralisée. La force du G5 Sahel devrait compter d’ici la mi-2018, 5 000 soldats des cinq pays impliqués. Ils seront appelés à opérer aux côtés des 12 000 militaires de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), les 4 000 soldats de l’opération française Barkhane et un contingent américain qui opère déjà dans la région mais dont l’effectif reste inconnu.
R. I.
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