La France face à la menace des réseaux terroristes islamistes marocains
De Paris, Mrizek Sahraoui – Une nouvelle fois, la France renoue avec les attentats terroristes commis par des éléments d’origine marocaine ayant prêté allégeance à Daech. L’attentat et la prise d’otages de ce vendredi 23 mars, perpétrés près de Carcassonne, ville située dans le sud de la France, par Redouane Lakdim, un Marocain âgé de 25 ans se revendiquant de Daech, ont fait 3 morts et 13 blessés parmi les forces de l’ordre et les clients du magasin où l’assaillant s’était retranché.
L’assaut, donné après que les forces spéciales dépêchées sur place ont entendu des coups de feu, s’est soldé par la mort du preneur d’otages qui a réclamé, selon le ministre de l’Intérieur, la libération de Salah Abdeslam, un autre Marocain, le seul survivant des commandos djihadistes auteurs des attentats de Paris et de Saint-Denis du 13 novembre 2015.
Le profil du terroriste, fiché «S» et connu des services de la DGSI, organisme chargé de la lutte antiterroriste, révélé par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, relance la polémique au sujet de la capacité des services de renseignement à suivre de très près toutes les personnes radicalisées. Peu après l’attaque, d’aucuns ont pointé du doigt les failles et les ratés au niveau des procédures et de la surveillance des personnes suspectées d’être potentiellement dangereuses et susceptibles de passer à l’acte en solitaire ou en réseau.
Depuis Bruxelles, en marge du Conseil européen, Emmanuel Macron reconnaît – un aveu d’impuissance face à la menace djihadiste – que la menace terroriste demeurait «élevée», ce qui, forcément, n’est pas de nature à rassurer la population qui craint une recrudescence d’attentats terroristes rappelant la psychose née au lendemain des attaques ayant visé le journal satirique Charlie Hebdo, et ceux de novembre 2015, qui avaient fait respectivement 12 victimes, 130 morts et plus de 350 blessés.
Pendant longtemps, la France avait sous-estimé le terrorisme sous toutes ses formes. Loin des massacres perpétrés dans d’autres pays, les responsables politiques s’étaient alors estimés à l’abri et s’étaient accommodés avec des éléments prônant ostensiblement un discours radical, même si; dès 1995, la France avait été durement frappée. Pour rappel, une vague d’attentats islamistes commis par le GIA avait visé Paris faisant 8 morts et près de 200 blessés.
Les attentats de 1995 et ceux qui ont visé la France depuis 2015 devaient, logiquement, faire prendre conscience que le terrorisme – Gérard Collomb vient de le rappeler après la fin de l’attaque de Carcassonne – peut encore frapper à tout moment et quel que soit l’endroit. D’où la nécessité d’associer les pays ayant une expérience en matière de lutte contre le terrorisme, surtout ceux l’ayant vaincu.
Même si, s’agissant des intérêts supérieurs de la France, tous les courants politiques sont d’accord et, souvent, montrent une unité face à l’ennemi, il n’en reste pas moins que, au regard de l’érosion de la cote de popularité du président français et de son Premier ministre, l’attentat de ce vendredi, imprévu et échappant aux services de lutte contre le terrorisme, pourrait, dans les prochains jours, constituer un angle d’attaque face à la gestion de la question du terrorisme et, plus largement, sur l’opportunité de laisser se prolonger les interventions militaires françaises à l’étranger, au moment où, par ailleurs, la grogne sociale n’en finit pas de s’exacerber.
M. S.
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