Des soldats italiens bientôt déployés en Tunisie : l’Otan est à nos frontières
Par Sadek Sahraoui – Le ministère italien de la Défense a annoncé le déploiement prochain de près de 60 soldats en Tunisie dans le cadre de la mise en œuvre des accords bilatéraux conclus entre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) et Tunis. La même source rappelle que la Tunisie est un «pays clé dans la sécurité du sud de la Méditerranée». Le journal Corriere de la sera, qui rapporte l’information, précise que ces soldats constitueront un premier contingent dont la mission est de «renforcer les capacités défensives techniques de l’armée tunisienne».
Le quotidien italien, qui signale au passage la crainte des responsables tunisiens de voir ce «débarquement» attiser les tensions sociopolitiques que connaît actuellement le pays, ne précise pas la durée de la mission des soldats italiens en Tunisie. Cette omission laisse penser que l’Otan est partie pour rester longtemps en Tunisie, surtout qu’elle dispose de nombreux arguments pour justifier sa présence dans la région (crise libyenne, instabilité au Sahel et lutte contre l’immigration illégale).
Il faut savoir que l’Otan a souvent émis le souhait de disposer d’une base dans le sud de la Tunisie. Ce souhait s’est néanmoins toujours heurté au refus des autorités tunisiennes. Le ministre tunisien de la Défense, Abdelkrim Zbidi, avait d’ailleurs réaffirmé en février le refus catégorique de son département de la proposition de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord de fournir son expertise ou accorder une aide permanente à l’armée tunisienne contre l’installation d’une base de l’Otan. Zbidi avait alors révélé que l’Union européenne avait refusé de verser un don de trois millions d’euros à l’armée tunisienne en raison de l’opposition de la Tunisie à l’installation d’une base militaire de l’Otan, dans la sous-préfecture de Gabes, au sud-ouest du pays.
Cette base aurait, selon l’Otan, pour mission de rassembler les informations et les analyser avant de coordonner, de planifier et de diriger les opérations aux frontières maritimes, terrestres ainsi que dans l’espace. Elle lutterait contre toutes sortes de trafics transfrontaliers, le terrorisme, la migration clandestine, la drogue, etc.
La question qui se pose maintenant, notamment depuis que la presse italienne a éventé la venue de militaires italiens dans la région, est de savoir si les autorités tunisiennes ont toujours gardé la même posture vis-à-vis de l’Otan ou si elles ont fini par céder aux pressions de Bruxelles.
S. S.
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