Ould Kaddour : «Sonatrach perd 8 milliards de dollars par an !»
Par Hani Abdi – Intervenant devant le Sénat lors d’une journée parlementaire sur l’énergie, le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a lancé un véritable pavé dans la mare. Présentant le plan stratégie de Sonatrach, il a indiqué que la bureaucratie faire perdre énormément d’argent à ce groupe public. Pis, Ould Kaddour a affirmé que «Sonatrach perd 8 milliards de dollars par an sans qu’on sache où part cet argent».
Perdre 8 milliards de dollars, c’est plus qu’une catastrophe pour un groupe public qui constitue la colonne véritable de l’économie nationale en ce sens qu’il génère 98% des recettes en devises de l’Algérie. Ould Kaddour, qui a choqué l’assistance par ses propos, a rassuré que «Sonatrach travaille pour faire cesser ces pertes à l’horizon 2021». Autrement dit, durant les deux prochaines années, Sonatrach va continuer à perdre ces 8 milliards de dollars.
Pour mesurer la gravité de telles pertes, il faut connaître les revenus actuels de ce groupe public. En effet, en 2017, Sonatrach a généré 33 milliards dollars de revenus pétroliers. Ould Kaddour a également fait part d’une véritable saignée dans l’effectif du groupe. «En trois ans, nous avons perdu 10 000 salariés, entre cadres et simples employés. Il y a un peu de départs à la retraite et beaucoup de départs pour d’autres compagnies pétrolières qui offrent des salaires défiant toute concurrence», a avoué le PDG de Sonatrach, selon lequel «le groupe n’a aucune solution à ce phénomène» qui va continuer, selon lui, en raison du dynamisme que connaît le secteur qui reste très demandeur de la ressource humaine expérimentée.
Ould Kaddour a assuré que la stratégie du groupe vise à générer des recettes annuelles en devises de 60 milliards de dollars d’ici 2030. La moitié de ces revenus sera, selon lui, réinvestie dans la création de richesses au niveau local et le reste sera mis dans les réserves de la République. Ould Kaddour appelle dans ce sillage la Chambre basse du Parlement et des autres institutions de l’Etat à «contribuer à transformer Sonatrach d’une entreprise bureaucratique en une entreprise commerciale au service du peuple et de l’Etat». Le PDG de Sonatrach a également recommandé l’encouragement de la communication au sein de son groupe et entre ce dernier et son environnement pour parvenir à une conjugaison des efforts en faveur du développement de l’économie nationale.
«J’ai constaté au début de ma désignation à la tête de Sonatrach, en mars 2017, le manque de communication en son sein. Nous sommes en train d’œuvrer à changer cette situation et à encourager la communication à tous les niveaux», s’est-il engagé, lui qui n’a apporté aucune clarification sur les informations diffusées par des médias italiens relatives au coût environnemental que devra supporter Sonatrach pour dépolluer le sol de la raffinerie acquise, la semaine dernière, à Augusta, en Italie.
Selon des comptes rendus de la presse italienne, cette raffinerie, située en Sicile, est visée par plusieurs plaintes pour pollution de l’air et des eaux souterraines. Des plaintes qui ont été prises en charge par la justice et qui ont exigé de l’ancien propriétaire de cette raffinerie, Exxonmobil en l’occurrence, d’effectuer des travaux de dépollution et de remplacement des équipements afin qu’elle soit aux normes européennes en matière de lutte contre la pollution.
H. A.
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