Emeutes à Sidi Bouzid : vers une autre explosion sociale en Tunisie ?
Par R. Mahmoudi – L’ex-président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, a mis en garde contre des explosions «incontrôlables» dans son pays à cause d’une situation économique endémique qui se caractérise par l’accroissement du chômage et l’érosion du pouvoir d’achat des Tunisiens.
Au même moment, la ville emblématique de Sidi Bouzid renoue avec les émeutes. Selon des sources médiatiques tunisiennes et arabes, les affrontements entre les manifestants réclamant une distribution équitable des ressources hydriques et les forces de l’ordre ont fait des centaines de blessés dans la journée de lundi. Toutes les écoles étaient restées fermées, alors que les autorités semblaient impuissantes devant l’ampleur de la contestation, faisant craindre un nouveau cycle d’émeutes qui risque d’atteindre d’autres régions marginalisées du pays.
Intervenant sur une chaîne de télévision égyptienne, Marzouki affirme que son premier souci maintenant est que la Tunisie se maintienne dans «le système démocratique», en dépit de toutes les difficultés économiques qui hypothèquent son avenir. A une année de la prochaine présidentielle, il n’a pas encore tranché sur sa décision de s’y présenter ou pas, mais espère qu’«une nouvelle équipe» viendra «remettre la Tunisie sur les rails».
Pense-t-il à ses alliés du mouvement Ennahda ? Leur porte-étendard, Rached Ghannouchi, grisé par la victoire de son mouvement aux dernières élections municipales, ne cache plus son désir de revenir aux commandes, après les défaites successives de son mouvement aux dernières élections présidentielle et législatives. Lors de la campagne électorale, il avait promis de reprendre le pouvoir «par la base».
Prônant la conciliation avec le parti majoritaire, Nidaa Tounes, du président Béji Caïd Essebsi, il n’en comptait pas moins sur l’usure du pouvoir et son affaiblissement sous les coups de boutoir de la crise économique qui étreint le pays et l’a mis, à plusieurs reprises, dans une situation de cessation de paiement, l’obligeant à s’endetter et à lier son sort aux injonctions des institutions financières internationales.
R. M.
Comment (4)