Un gouvernement sans nation ou de simples lacunes
Par Saadeddine Kouidri – Lors du Conseil de gouvernement du 16 mai, le droit à la concession des terres agricoles aux étrangers a été retiré. Le gouvernement justifiait auparavant cette vente aux étrangers par l’échec des fermes pilotes qui occupent au total, soit dit en passant, 125 000 ha de la superficie agricole utile !
Comment croire à une telle baliverne, surtout quand, à la ferme pilote de Saïd Boumaza, cette semaine, on entend des protestations. «Notre ferme est un modèle national en matière de gestion. Pourquoi veulent-ils nous imposer un partenaire ?», se demandent les travailleurs de ce domaine situé dans la commune de Belkheir, dans la wilaya de Guelma.
Depuis toujours, des responsables aux aguets, y compris dans l’administration, militent, parfois ouvertement, parfois clandestinement, à la liquidation du secteur public, jusqu’à sa vente au dinar symbolique. Pour brader le secteur, ils commencent par le rendre obsolète ! Cette tactique de la bourgeoisie est à l’œuvre, y compris dans les pays les plus développés, où le capital financier privatise les entreprises publiques et fait la guerre aux acquis des travailleurs en votant de nouvelles lois du travail pour encourager l’ubérisation et l’entreprise individuelle.
A quelques jours d’intervalle, la presse nous informe que c’est grâce à la grève déclenchée ce 21 du mois par les travailleurs que la jumenterie de Tiaret n’a pas été privatisée. On apprend que la surface est grignotée et que sa superficie passe de 876 ha à 710 aujourd’hui. La terre n’est plus sous la protection de la Constitution et l’Etat semble perdre son rôle de défense de la propriété quand il s’agit de la propriété publique !
Ces défaillances sont en sus encouragées par cette politique du partenariat public-privé (PPP), cette autre destruction-restructuration des grandes entreprises du temps de Chadli.
Acheter une raffinerie en Italie signifie en premier l’exportation de la matière première, ce qui a pour conséquence une perte de la valeur ajoutée, au moment où le gouvernement parle d’industrialisation. Cette fuite en avant, comme on en a connu lors de la période Abdeslam, surnommé le «père de l’industrialisation» dans les années 1970 et ses usines clés en mains, est appuyée par cette touche personnelle du PDG de Sonatrach qui se vante à la fois d’être diplômé du MIT et l’illustre par un acte commercial en achetant une raffinerie en Italie et non par une performance en technologie, sensée être sa spécialité !
Sachant que le programme de Sonatrach prévoit la réalisation de trois raffineries, une à Hassi-Messaoud, en phase de réalisation d’une capacité de 5 millions de tonnes/an qui produira du gasoil et de l’essence ainsi que du gaz butane et propane, une à Tiaret et une à Biskra pour porter les capacités de raffinage du pays à 45 millions de tonnes/an en 2021, il fallait donc louer pour deux ou trois ans et non acheter une usine.
Une autre lacune de gestion est dans cette affirmation du ministre de l’Industrie, ce 14 mai à Annaba : «L’Etat a consenti un effort financier considérable pour le complexe d’El-Hadjar et il attend en retour une bonne gestion.» Et c’est au moment où il prononce ces paroles qu’il refuse d’écouter les syndicalistes qui veulent le prévenir que le SG du syndicat n’est pas un élu et qu’en sus, c’est lui qui gère l’argent octroyé à l’investissement ! Certes, le ministre est de ceux qui ne fréquentent pas les zaouïas, mais il est aussi de ceux qui ne fréquentent pas les syndicalistes !
S. K.
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