Mohamed Aïssa plaide pour une mosquée «politiquement neutre»
Par R. Mahmoudi – Dans une nouvelle directive, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a enjoint aux imams de s’interdire toute discussion sur la politique et, notamment, de la prochaine élection présidentielle prévue au printemps 2019.
Dans une déclaration à la presse, ce jeudi, le ministre a expliqué que les imams «doivent laisser leurs convictions politiques à l’entrée des mosquées» parce que leurs prêches risquent, selon lui, d’influer les citoyens. Il a ajouté que lui et son département veilleront à ce que les imams et les mosquées «restent à l’écart des tiraillements politiques».
Cette nouvelle orientation est-elle en rapport avec le remue-ménage actuel qui annonce de grands bouleversements sur la scène politique ? D’habitude très engagé dans la promotion de la politique générale de l’Etat, et notamment de l’image du chef de l’Etat, à travers les prêches dispensés par les imams, le secteur de Mohamed Aïssa a toujours assumé son rôle, sans crainte d’être accusé, par les islamistes salafistes notamment, de mettre la religion au service du pouvoir politique. Le ministre lui-même a, à maintes reprises, croisé le fer avec les porte-voix de ce courant extrémiste sur les questions inhérentes à la gestion du culte et au rapport des hommes de religion avec la politique en général.
Dans une récente instruction adressée aux imams, à la veille de l’Aïd El-Fitr, Mohamed Aïssa avait clairement signifié que les cadres des Affaires religieuses étaient tenus de se conformer scrupuleusement aux directions de la tutelle.
Cette soudaine quête de neutralité peut donner lieu à diverses lectures et éclairer en même temps sur l’orientation politique globale qui se dessine, tout en relançant le débat sur le poids réel de la mouvance islamiste au sein des mosquées.
R. M.
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