L’ONG SOS Méditerranée dénonce « la faillite des Etats européens »
L’ONG SOS Méditerranée, qui participe au sauvetage de migrants en Méditerranée, a dénoncé samedi «la faillite des Etats européens à faire respecter les conventions maritimes», annonçant au passage que son bateau, l’Aquarius, allait prolonger son escale à Marseille (sud-est de la France), «le temps de comprendre ce qui se passe».
«Les ONG sont devenues le bouc émissaire un peu facile de la faillite des Etats européens à faire respecter les conventions maritimes», a accusé Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée, lors d’une conférence de presse organisée à Marseille. A quelques encablures des quais où son navire, L’Aquarius, est arrivé vendredi matin pour une escale technique qui devait durer quatre jours.
Le représentant de l’ONG a notamment dénoncé «la légitimation de Tripoli comme centre officiel de coordination des sauvetages». «Ce soutien inconditionnel aux garde-côtes libyens nous semble incompatible avec le sauvetage en mer, car en aucun cas les ports libyens ne peuvent être considérés comme des ports sûrs», a-t-il plaidé.
Après le sommet européen de Bruxelles conclu vendredi aux aurores, «c’est la confusion la plus totale», a insisté Sophie Beau, la directrice de l’ONG. «Nous attendions des annonces sur un modèle européen de sauvetage en mer, or ces annonces sont on ne peut plus floues», a-t-elle poursuivi, expliquant que l’Aquarius ne devrait pas quitter la ville de Marseille lundi soir comme prévu : «Nous sommes obligés de prendre le temps de comprendre ce qui se passe».
L’accord conclu vendredi par les dirigeants européens propose notamment d’explorer une «nouvelle approche» controversée avec la création de «plateformes de débarquements» de migrants en dehors de l’UE pour dissuader les traversées de la Méditerranée, où les 28 ont aussi appelé les ONG à «ne pas entraver les opérations des garde-côtes libyens».
L’Aquarius est de retour de sa 40e rotation depuis le début de ses activités en février 2016. Cette dernière rotation a été selon l’ONG «la plus éprouvante», avec ces 630 migrants qu’elle a finalement dû débarquer à Valence en Espagne le 17 juin, après s’être vu refuser l’accès des ports maltais et italiens.
En 28 mois d’activité, SOS Méditerranée a secouru 29 319 migrants, «dont six bébés nés à bord», a précisé Sophie Beau. Soit un dixième des 290 000 personnes secourues par les autres navires dans la zone sur la même période, selon Frédéric Penard.
R. I.
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