Tunisie : Beji Caïd Essebsi-Ghannouchi, le divorce ?
Par Sadek Sahraoui – Le président tunisien Béji Caïd Essebsi (BCE) a accordé, hier, un entretien à la chaîne Nessma TV dans lequel il annonce à demi-mot la fin de l’alliance entre son parti, Nidaa Tounes, et la formation islamiste Ennahdha dirigée par Racheed Ghannouchi. Le chef de l’Etat tunisien a soutenu, à ce propos, qu’il était devenu «difficile de trouver un consensus avec un parti qui a des visions complètement opposées à la vôtre».
BCE a rappelé qu’il a toujours prôné le consensus, en lequel il croit fermement. Cependant, a-t-il soutenu, «le consentement a toujours ses limites, car au départ celui conclu avec le Cheikh devait respecter deux principes fondamentaux : la patrie avant les partis et la valorisation du dialogue national ». Or, selon BCE, «ces principes ne sont plus respectés par ses vis-à-vis ». Pour éviter de s’en prendre frontalement à Ghannouchi, le président tunisien a indiqué néanmoins que ce n’est pas uniquement avec Ennahdha qu’il n’y a pas d’accord : «Un consensus avec toutes les autres composantes de la scène sociale et politique demeure important, comme avec l’UGTT ou l’Uticca.»
Quid de l’avenir du gouvernement Chahed ? A entendre BCE, l’avenir son Premier ministre est aussi scellé. Pour lui, il a failli dans sa mission de redresser la barre. Dans le même sillage, il a expliqué que les remous qui secouent actuellement Nidaa Tounes sont faits pour lui nuire. Revenant précisément sur les nouvelles scissions qui se sont déclarées au sein de Nidaa Tounes, BCE a martelé que ce n’était ni fortuit ni innocent et qu’on voulait mettre la main sur le parti qu’il a créé. Il a ajouté qu’il n’allait pas laisser faire et qu’il remettra les choses sur les rails.
BCE a conclu par un appel solennel à tous les Tunisiens à se mettre au travail sans trop penser à l’échéance de 2019, date de la prochaine présidentielle. Il a ajouté qu’il était absurde pour quelqu’un qui est, en ce moment, au pouvoir, de penser à l’échéance de 2019 en négligeant son travail présent pour lequel il a été investi. De cette façon, a-t-il ajouté, il sera assuré d’échouer. Le président tunisien conseillé également aux Tunisiens de s’unir autour de la bonne cause et d’arrêter de se bagarrer pour les prochaines échéances.
S. S.
Comment (4)