Mort de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU

Kofi, Annan
L'homme tire sa révérence après une carrière bien remplie à l'ONU, avec ses hauts et ses bas. D. R.

L’ancien secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la paix, Kofi Annan, est mort à 80 ans après une «courte maladie», a annoncé samedi à Genève sa fondation.

«C’est avec une immense tristesse que la famille Annan et la Fondation Kofi Annan annoncent que Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et lauréat du Nobel de la paix, est décédé paisiblement samedi 18 août après une courte maladie», a déclaré la fondation dans un communiqué.

Décédé samedi à l’âge de 80 ans, ce diplomate de carrière, charismatique sans être flamboyant, a contribué à rendre l’ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2007.

Premier secrétaire général issu de l’Afrique sub-saharienne, le Ghanéen a dirigé l’organisation pendant la période troublée suivant les attentats du 11 septembre 2001 puis de la guerre en Irak, avant de voir son bilan terni par des accusations de corruption dans l’affaire «pétrole contre nourriture».

Lorsqu’il dirigeait le département du maintien de la paix, l’ONU a également connu deux des épisodes les plus sombres de son histoire : le génocide rwandais et la guerre en Bosnie.

A son départ du secrétariat général, il était cependant un des dirigeants de l’ONU les plus populaires. Conjointement avec l’organisation, il a reçu en 2001 le prix Nobel de la paix pour ses «efforts en faveur d’un monde mieux organisé et plus pacifique». «J’ai essayé de placer l’être humain au centre de tout ce que nous entreprenons : de la prévention des conflits au développement et aux droits de l’Homme», avait-il déclaré.

40 ans aux Nations unies

Ces dernières années, Kofi Annan avait repris du service sur la scène diplomatique, prenant la tête d’une commission sur les droits des musulmans Rohingyas poussés à fuir au Bangladesh face à la répression de l’armée birmane. Plus de 700 000 Rohingyas ont été forcés à l’exode l’année dernière.

Il a aussi créé une fondation consacrée au développement durable et à la paix et faisait partie du groupe des Elders («les anciens»), créé par Nelson Mandela pour promouvoir la paix et les droits de l’homme.

A part quelques années passées comme directeur du tourisme du Ghana, Annan avait consacré quarante ans de sa vie professionnelle aux Nations unies. Il a été le premier secrétaire général à sortir des rangs de l’organisation. Il a d’abord dirigé les ressources humaines de l’ONU, puis les affaires budgétaires, avant de chapeauter, à partir de 1993, le maintien de la paix et d’être propulsé quatre ans plus tard à la tête de l’organisation.

Dans son autobiographie, il affirme que l’ONU doit servir «non seulement les Etats, mais aussi les peuples» et qu’elle doit être «l’enceinte où les gouvernements rendent des comptes sur la façon dont ils traitent leurs propres citoyens».

Des échecs

Le génocide rwandais et la guerre en Bosnie dans les années 90 n’ont pu être empêchés par les Nations unies, Kofi Annan étant alors à la tête des missions de maintien de la paix.

Les Casques bleus se sont retirés en 1994 du Rwanda en proie au chaos et aux violences ethniques. Et un an plus tard, l’ONU n’a pas su empêcher les forces serbes de massacrer plusieurs milliers de musulmans à Srebrenica, en Bosnie. Ces échecs «m’ont confronté à ce qui allait devenir mon défi le plus important comme secrétaire général : faire comprendre la légitimité et la nécessité d’intervenir en cas de violation flagrante des droits de l’homme», a écrit Kofi Annan dans son autobiographie.

«Rock star de la diplomatie»

Malgré l’ombre jetée par le Rwanda et Srebrenica, Annan s’est vite adapté à son nouveau rôle de diplomate en chef, multipliant les apparitions à la télévision et les participations aux dîners mondains. Jusqu’à devenir une vedette, qualifié par certains de «rock star de la diplomatie».

Kofi Annan devait sa nomination aux Etats-Unis, qui avaient mis leur veto à un second mandat de son prédécesseur, l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali. Cela ne l’a pas empêché de faire preuve parfois d’indépendance vis-à-vis des grandes puissances. Ainsi, il a irrité Washington en estimant «illégale» l’invasion de l’Irak en 2003 parce que cette opération n’avait pas été entérinée par le Conseil de sécurité.

Alors, quand en 2005 un scandale de corruption lié au programme «pétrole contre nourriture» en Irak éclaboussa Kofi Annan et son fils Kojo, certains commentateurs y virent une vengeance. Une commission d’enquête innocenta Kofi Annan, mais découvrit des lacunes dans la gestion du programme : Kojo Annan était en relation avec une société suisse qui avait conclu de juteux contrats dans le cadre du programme.

Du Ghana à New York

Né en avril 1938 au Ghana, fils d’un cadre d’une filiale d’Unilever, Kofi Annan a étudié à l’université de Kumasi, puis dans une université américaine, avant d’entrer à l’Institut des hautes études internationales de Genève. En 1965 il épouse Titi Alakija, issue d’une famille nigériane fortunée. Ils auront un fils, Kojo, et une fille, Ama, mais se sépareront à la fin des années 1970. En 1984, il épouse en secondes noces Nane Lagergren, juriste suédoise, qui lui donnera une fille, Nina.

En février 2012, il est choisi par l’ONU et la Ligue arabe pour mener une médiation dans la guerre en Syrie, mais il jette l’éponge cinq mois plus tard. Il accusera les grandes puissances d’avoir, par leurs dissensions, transformé sa médiation en «mission impossible».

R. I.

 

 

Comment (2)

    Mus
    18 août 2018 - 20 h 40 min

    Premier S.G de l’O.N.U d’Afrique Subsaharienne, Annan a succédé au premier S.G arabe (égyptien). Il a prouvé, par son dynamisme et son humanisme, que les diplomates de talent et d’envergure internationale peuvent émerger d’un continent longtemps oublié et mal considéré par l’Occident. Qu’il repose en paix dans la postérité.

      tcho
      19 août 2018 - 14 h 04 min

      Le secrétaire général égyptien était Boutros Boutros – Ghali ( 1922 – 2016 ) né et mort au Caire ,issu d’une grande famille politique copte ,membre éminent de la Commission de droit international de 1979 à 1991 ,il a parcouru le monde pendant toute sa vie active pour promouvoir la paix et la justice à travers ce même monde .RIP .

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