Leçon marocaine
Par Sadek Sahraoui – Autant le Maroc a une classe dirigeante vile et fourbe mais autant aussi il a une société civile courageuse et qui impose le respect. Les associations marocaines de défense des droits des consommateurs viennent, par exemple, de remporter une retentissante victoire sur Danone, l’un des leaders mondiaux de l’agroalimentaire, auquel elle reprochait de vendre trop cher son lait. Une victoire qui fera date dans l’histoire de la lutte contre les toutes puissantes multinationales et de la vie chère.
Pour faire plier la firme française, les Marocains ont observé un boycott général de ses produits. Le boycott, qui a duré de longs mois, a fini par payer.
Le PDG de Danone, Emmanuel Faber, a annoncé en effet, mercredi 5 septembre, une baisse d’environ 10 % sur certaines briques de lait pasteurisé et le lancement d’un «format économique». Il n’avait pas d’autres choix que de prendre une telle décision.
Il aurait été suicidaire pour son groupe de continuer à tenir tête à ses consommateurs. Son chiffre d’affaires a baissé de 40 % au second semestre. Quelques mois de plus et il aurait été obligé de mettre la clé sous le paillasson au Maroc.
Danone n’a pas été la seule entreprise à avoir subi les foudres des consommateurs marocains. Les stations-service Afriquia et l’eau minérale Sidi Ali, également leaders sur leur marché au Maroc, sont également visées par le boycott.
Il est certain que le Marocains n’abandonneront pas leur combat contre la vie chère surtout pas après qu’ils aient réussi à faire céder une firme telle que Danone qui brasse des milliards de dollars. Ils se sentent même aujourd’hui confortés dans leur démarche.
Ce mouvement de boycott commence d’ailleurs à créer la panique au niveau mondial. Les multinationales qui imposent leur diktat aux peuples et aux nations craignent maintenant que l’exemple marocain suscite un effet d’entraînement au niveau mondial.
De nombreux think tanks proches des milieux néolibéraux commencent d’ailleurs à plancher sur la question en vue de trouver des parades.
De leur côté, les sociétés civiles hors du Maroc commencent à comprendre qu’il n’y a pas de fatalité et que tout peut être changé. N’est-ce pas ?
S. S.
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